Mayotte, le 101ème département français, fait face à une catastrophe sans précédent après le passage du cyclone Chido, le plus puissant enregistré sur l’archipel depuis 90 ans. Avec des vents atteignant 220 km/h, l’économie locale est en lambeaux. L’état de « calamite exceptionnelle » a été déclaré, alors que le bilan provisoire fait état de 31 morts et de plus de 1.400 blessés. La population, les entreprises et les institutions sont plongées dans un chaos profond.
Aucune entreprise à Mayotte n’a été épargnée. Selon Bruno Arcadipane, vice-président du Medef, deux cas de figure se distinguent : « Certains ont eu la chance de conserver des bâtiments partiellement endommagés et tentent de colmater les brèches. D’autres, en revanche, ont tout perdu et se retrouvent à la rue. » Les infrastructures de base, comme les réseaux de communication, l’électricité et les routes, sont hors service, paralysant l’ensemble des activités.
Le délégué territorial du groupe SOS, Maxime Zennou, souligne que seuls 50 % des 800 employés de son organisation ont été joignables. « Rétablir les circuits de communication est absolument indispensable », insiste-t-il. Sur l’île, seulement 40 % des petits commerces ont rouvert, tandis qu’un seul supermarché opère encore.
Les assurances estiment les dégâts entre 650 et 800 millions d’euros. Mais à Mayotte, seul 6 % des habitants disposent d’une assurance habitation, un chiffre dramatiquement bas comparé à la moyenne nationale de 96 %. Le reste de la population devra se tourner vers les aides d’urgence mises en place par l’État. Lors de son déplacement sur l’île, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un fonds d’indemnisation spécifique pour les non-assurés, sans en préciser encore le montant.
Mobilisation gouvernementale : des mesures d’urgence en action
Sous l’impulsion du ministre de l’Économie, Antoine Armand, une cellule de crise a été activée à Bercy pour coordonner les secours et planifier la reconstruction. Parmi les mesures annoncées :
- Encadrement des prix : Un décret permet au préfet de fixer des plafonds sur les produits de première nécessité afin d’éviter une flambée des prix. Cette régulation s’applique aux denrées alimentaires, à l’eau potable, aux produits d’hygiène et aux matériaux de construction.
- Aides financières : 200.000 euros issus du fonds de solidarité des chambres de commerce seront transférés à la CCI mahoraise. Un fonds spécial pour les entreprises touchées est également en préparation.
- Soutien à l’emploi : Le Medef demande la mise en place du chômage partiel pour garantir un minimum de revenus aux salariés. « Les travailleurs doivent pouvoir continuer à vivre, comme cela avait été fait lors de la crise du Covid », déclare Bruno Arcadipane.
- Rétablissement des réseaux : Orange déploie des bulles tactiques pour recréer des points de connexion mobile et Internet. « Il est impératif de permettre aux habitants et entreprises de communiquer », affirme le ministre.
Un élan de solidarité sans précédent
La Fondation de France a déjà récolté 14 millions d’euros en quelques jours, un record pour une collecte d’urgence. Ces fonds permettront de financer des projets locaux axés sur l’accès à l’eau potable et l’abri des populations. Des entreprises comme Carrefour et Totalénergies se sont également mobilisées, envoyant des centaines de tonnes de produits essentiels depuis la Réunion et la métropole.
Alors qu’environ 70 % de la population a été gravement touchée, Emmanuel Macron promet de « rebâtir Mayotte » en renforçant les infrastructures éducatives, sanitaires et habitables. Cependant, le président n’évite pas les sujets sensibles : « En parallèle, nous renforcerons la lutte contre l’immigration clandestine », a-t-il déclaré, dans une allusion au poids des arrivées en provenance des Comores sur les systèmes sociaux locaux.
Pour Mayotte, la route vers la normalité sera longue. Mais dans l’adversité, l’île montre déjà des signes de résilience, portée par la solidarité nationale et l’engagement de ses habitants. Si le cyclone Chido a laissé une empreinte indélébile, il pourrait aussi être le point de départ d’un renouveau pour ce territoire souvent oublié.