Matignon sous tension : Bayrou consulte encore avant l’annonce du gouvernement

Entrevue 1

Dans un contexte politique tendu, le Premier ministre François Bayrou organise jeudi 19 décembre une réunion à Matignon avec les principaux responsables politiques, à l’exception des représentants de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN). Cette initiative précède l’annonce de la composition de son gouvernement, un exercice d’équilibriste destiné à apaiser les tensions et à trouver un consensus politique.

François Bayrou a invité à cette réunion les présidents de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du Sénat, Gérard Larcher, ainsi que les chefs de partis et de groupes ayant exercé des responsabilités dans le cadre de la Ve République. LFI, qui avait refusé de participer aux entretiens bilatéraux, et le RN, accompagné de son allié de l’Union des Démocrates Républicains (UDR), ne seront pas conviés.

Dans une lettre adressée aux partis mercredi 18 décembre, le Premier ministre a souligné les défis auxquels le pays fait face. Il a évoqué notamment la crise politique et budgétaire actuelle ainsi que des situations critiques comme la catastrophe naturelle à Mayotte – qu’il qualifie de « probablement la plus grave de l’histoire de France depuis plusieurs siècles » – et les tensions en Nouvelle-Calédonie. Selon lui, ces événements appellent à une prise de responsabilité collective.

Menaces de censure et pressions politiques

L’annonce d’un nouveau gouvernement est attendue depuis la censure du précédent cabinet dirigé par Michel Barnier le 5 décembre. Cette situation inédite, combinée à l’absence d’un budget adopté pour 2025, exacerbe les tensions au Parlement. Plusieurs partis, y compris Les Républicains (LR), l’extrême droite et la gauche écologiste et communiste, mettent la pression sur Matignon.

Bruno Retailleau, ex-ministre de l’Intérieur démissionnaire, a publiquement déclaré que les conditions pour maintenir LR au gouvernement n’étaient pas réunies, reprochant au cabinet précédent de tirer politiquement à gauche. Le RN, par la voix de son vice-président Sébastien Chenu, prévient également que Bayrou risque une censure similaire à celle de Barnier s’il ne modifie pas radicalement ses orientations.

De leur côté, les écologistes et les communistes affirment être prêts à censurer tout projet budgétaire qui ne marquerait pas une rupture avec les politiques précédentes. Marine Tondelier, cheffe des Écologistes, déplore une « entrée en matière ratée », tandis que Fabien Roussel, leader des communistes, estime que le gouvernement actuel est déjà sur la voie d’une nouvelle censure.

Le calendrier incertain

Malgré l’urgence de la situation, aucune annonce gouvernementale n’est attendue avant dimanche. Le président de la République, actuellement en déplacement à Bruxelles pour un conseil européen, se rendra ensuite à Mayotte jeudi, avant de visiter les troupes françaises à Djibouti. Il ne sera de retour en France que dimanche matin. En attendant, François Bayrou poursuit les consultations avec les différents responsables politiques. Il a déjà reçu des figures telles qu’Éric Ciotti, le chef des députés macronistes Gabriel Attal, et des représentants des Radicaux et du RDSE.

Dans sa lettre, Bayrou appelle à un dialogue constructif : « Avant de proposer au président de la République une composition de gouvernement, je veux vous entendre sur les orientations à suivre. » Mais le temps presse : les défis budgétaires et l’inquiétude croissante de la population exigent une réponse rapide et efficace. Le chemin vers un gouvernement stable reste semé d’embûches.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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