Invité hier soir de l’émission C l’hebdo, Jean-Luc Mélenchon s’est avancé un peu plus dans la course à Matignon au sein de son propre camp. Alors que c’est une des personnalités les plus impopulaires, le vieux briscard de la gauche a réussi à s’imposer au sein de son propre camp. Sur le plan programmatique, LFI a obtenu tout ce qu’elle voulait, bien que certaines mesures soient en contradiction avec l’ADN du PS post-Mitterrand ainsi que du PCF. En interne, la purge de la France insoumise porte ses fruits au sein des militants qui la soutiennent totalement.
Dans un sondage Ifop pour le JDD du 16 juin, 81% des Français disaient ne pas vouloir de Mélenchon à Matignon. Une aversion que beaucoup de cadres du nouveau front populaire connaissent. Leur stratégie consiste alors à rassurer une grande partie des Français en mettant un voile sur la personnalité qui serait Premier ministre en cas de victoire de l’union de la gauche.
François Ruffin et Raphaël Glucksmann ont donc éliminé Mélenchon de la course à Matignon dans diverses déclarations, mais le leader de la France insoumise rétorque sur le plateau de France 5 qu’il n’est pas hors course, et que c’est le groupe avec le plus d’élus qui choisira le Premier ministre, sachant que LFI a un avantage en nombre de circonscriptions, et qu’elle a obtenu beaucoup de circonscriptions très facilement gagnables, tandis que le PS va devoir batailler sur des terrains beaucoup plus difficiles.
La pression militante, extrêmement puissante à gauche, donne totalement raison à Mélenchon. Ils ne rêvent pas de la ligne sociale-démocrate modérée (Glucksmann, Faure) ni de la radicale (Ruffin). Les purges sont approuvées, tout comme la ligne pro-Palestine qui se mue en ligne pro-Hamas. Les manifestations comptent bien plus de keffiehs que de drapeaux français. C’est ce rapport de force qui est en train de se faire à gauche, à l’avantage des plus radicaux. Si cette stratégie peut gonfler les chiffres du NFP au premier tour, d’autant plus dans les « circos » gagnables d’avance, cela risque d’être plus difficile de convaincre au delà de la base électorale mélenchoniste.
Lionnel de La Roche