Le tribunal correctionnel de Fort-de-France a condamné, lundi 2 décembre, Rodrigue Petitot, leader du mouvement anti-vie chère en Martinique, à 10 mois de prison ferme aménageable. Il a été reconnu coupable d’intimidations à l’encontre des maires de l’île. Cette décision, prononcée après une audience marathon de 12 heures, a surpris les avocats du prévenu, qui s’attendaient à ce que la liberté d’expression soit mieux prise en compte dans le verdict.
Max Bellemare, l’un des avocats de Rodrigue Petitot, a exprimé son étonnement, soulignant qu’ils comptaient sur les jurisprudences en matière de liberté d’expression pour faire valoir leur défense. De son côté, Georges-Emmanuel Germany, bâtonnier et également avocat de Petitot, a qualifié son client de « prisonnier politique », une affirmation qui a alimenté les tensions autour de cette affaire.
Le verdict a provoqué des heurts devant le tribunal, où des manifestants en soutien à Rodrigue Petitot ont jeté des pierres et des bouteilles en verre sur la façade du palais de justice. Les forces de l’ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
Cette condamnation est plus légère que les réquisitions du ministère public, qui avait demandé 12 mois de prison ferme contre le leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), le collectif derrière la mobilisation contre la vie chère en Martinique.
Rodrigue Petitot avait été interpellé après avoir diffusé une vidéo sur TikTok fin novembre, dans laquelle il appelait à la démission du préfet de la Martinique et exigeait la fermeture des mairies. « Démontrez-nous que l’on peut compter sur vous. On va vous attaquer », avait-il déclaré dans cette vidéo, qualifiée par le parquet d’acte d’intimidation. En réponse, Petitot a réaffirmé lors de son procès qu’il n’avait jamais incité à la violence.
Le mouvement RPPRAC, qui réclame un alignement des prix des produits alimentaires en Martinique avec ceux pratiqués en métropole, a été marqué par plusieurs épisodes violents depuis début septembre. Selon la préfecture, 298 véhicules ont été incendiés, 33 bâtiments privés et 6 publics ont été détruits, et environ 174 commerces ont été cambriolés dans le cadre des protestations.
Le verdict de cette affaire s’inscrit dans un climat tendu où les autorités martiniquaises et les manifestants s’affrontent sur des questions économiques et sociales cruciales pour l’île.