Le couvre-feu nocturne en Martinique, instauré le 10 octobre dernier en réponse aux violences urbaines liées à la vie chère, est prolongé jusqu’au 21 octobre. La préfecture a annoncé que cette mesure, qui restreint les déplacements de 21 heures à 5 heures du matin, pourrait être maintenue « autant que nécessaire » afin de garantir la sécurité des personnes et des biens.
La situation sur l’île, marquée par des tensions croissantes depuis début septembre, reste instable. Des protestations contre le coût de la vie, exacerbées par des prix des produits alimentaires 40 % plus élevés qu’en métropole, ont dégénéré en émeutes. Malgré une « nette diminution » des exactions, la préfecture signale la persistance de blocages, bien que les opérations de levée des barrages et de nettoyage des routes avancent à un « bon rythme ».
Par ailleurs, l’interdiction de l’achat et de la vente de carburant, d’explosifs et d’articles pyrotechniques reste en vigueur pour éviter de nouvelles violences. Les exceptions à l’interdiction de circuler ne seront accordées que pour des motifs impérieux de santé ou dans le cadre des activités professionnelles.
Négociations bloquées autour du coût de la vie
Alors que les tensions persistent, la septième réunion de négociation entre l’État, les acteurs locaux, et les distributeurs, prévue ce mardi, a été annulée. Le président du conseil exécutif de Martinique, Serge Letchimy, a justifié cette décision en soulignant l’absence de « propositions concrètes et viables » de la part des distributeurs.
Le collectif militant RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), à l’origine des mobilisations, reste ferme dans ses revendications. Bien que 24 des 26 points de négociation aient été actés, le collectif réclame que les distributeurs s’engagent à limiter les écarts de prix sur l’ensemble des produits alimentaires, au-delà des 54 familles de produits mentionnées dans le projet initial.
Rodrigue Petitot, dirigeant du RPPRAC, a averti que la situation pourrait s’aggraver si aucune solution n’était trouvée rapidement. « Il y a trois étapes : les pillages, les destructions, et la traque de ceux désignés comme responsables. Nous avons déjà franchi deux étapes », a-t-il souligné, exprimant sa crainte des conséquences irréversibles si les négociations n’avancent pas.
Malgré ces tensions, l’académie de Martinique a annoncé un « retour progressif » des cours en présentiel dans les écoles primaires et secondaires, si la situation sécuritaire le permet.