Marseille : relaxes plaidées dans le procès des procurations frauduleuses des municipales de 2020

28 septembre, 2024 / Entrevue

Le procès des procurations frauduleuses qui ont marqué les élections municipales de 2020 à Marseille s’est achevé vendredi avec les plaidoiries de la défense. Les avocats des 13 prévenus ont majoritairement plaidé la relaxe, arguant du contexte chaotique lié à la pandémie de Covid-19.

Les faits reprochés concernent la falsification d’une cinquantaine de procurations au nom de résidents d’un Ehpad, souvent atteints de maladies telles que l’Alzheimer, sans leur consentement. Cette fraude visait à favoriser la candidature de Martine Vassal, alors présidente des Bouches-du-Rhône, qui n’est pas impliquée dans cette affaire.

Le ministère public avait requis des peines sévères pour 12 des accusés. Julien Ravier, ancien maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille, fait face à la réquisition la plus lourde : trois ans de prison avec sursis et dix ans d’inéligibilité. Accusé d’être au cœur de ce « système de procurations frauduleuses », Ravier s’est défendu en affirmant qu’il ignorait l’existence de cette fraude orchestrée, selon lui, par son équipe de campagne. Ses avocats ont rejeté l’accusation de coaction, qualifiant le dossier de « procès du clientélisme politique », et non d’une affaire de fraude électorale délibérée.

Yves Moraine, autre ex-maire de secteur, est également visé. Le procureur a réclamé trois mois de prison avec sursis et une peine d’inéligibilité de 18 mois contre ce proche de Jean-Claude Gaudin, ancien maire emblématique de Marseille. D’autres figures, comme un commandant de police ayant validé des procurations en dehors de tout cadre légal, risquent également des condamnations. L’avocat de ce dernier a souligné que l’affaire relevait davantage du chaos lié au contexte sanitaire que d’un complot organisé.

Le ministère public n’a pas manqué de condamner le « détournement de la confiance publique » et a dénoncé la gravité de faire voter des personnes vulnérables sans leur accord, insistant sur l’existence d’une « fabrique à procurations » dans un contexte politique tendu où Marseille risquait de basculer à gauche. Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 27 janvier prochain.