Depuis le 1er octobre, 119 individus liés au gang marseillais de narcotrafiquants DZ Mafia ont été interpellés, dont plus d’une centaine mises en examen, selon le parquet et la police judiciaire de Marseille. Ces opérations, issues de huit enquêtes distinctes, révèlent la diversification des activités de ce réseau criminel, bien au-delà du trafic de stupéfiants.
Diversification criminelle et extension géographique
Lors d’une conférence de presse, le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, a souligné le rôle central de certains « commanditaires communs » dans deux affaires emblématiques. La première concerne l’attaque d’un véhicule en août dernier à la sortie d’une discothèque de La Grande-Motte (Hérault), où un proche du rappeur SCH a été tué. La seconde porte sur des actes d’extorsion visant le propriétaire de plusieurs établissements marseillais, notamment une boîte de nuit.
« Les membres de l’équipe ayant attaqué la voiture du rappeur SCH sont les mêmes que ceux impliqués dans les menaces contre cet entrepreneur », a précisé le procureur. Ces deux affaires démontrent la capacité du gang à opérer au-delà de Marseille et à tisser des liens avec le banditisme traditionnel.
Depuis le lancement des enquêtes en octobre, 44 individus ont été mis en examen pour ces deux dossiers, dont 31 placés en détention provisoire. Au total, parmi les 119 personnes interpellées dans les huit affaires en cours, 73 sont incarcérées et 33 placées sous contrôle judiciaire.
Philippe Frizon, directeur du Service interdépartemental de la police judiciaire (SIPJ13), a salué ces résultats tout en reconnaissant que la lutte contre le narcobanditisme reste un défi de longue haleine.
Des menaces graves envers des responsables pénitentiaires
L’enquête a également mis en lumière l’implication présumée d’un membre influent du gang, actuellement incarcéré, dans des menaces de mort visant la directrice de la prison des Baumettes et un de ses adjoints. Ces responsables pénitentiaires, placés temporairement sous protection, étaient les cibles d’un « contrat », une situation qualifiée d’« exceptionnellement grave » par le ministère de la Justice.
Deux suspects, âgés de 17 et 21 ans, ont été interpellés armés près de la prison et placés en détention provisoire dans le cadre de cette affaire.
Les violences liées aux trafics de drogue ont déjà fait 23 morts depuis le début de l’année à Marseille. En 2023, le narcobanditisme avait atteint un pic avec 49 décès, principalement lors d’affrontements entre la DZ Mafia et son rival, le gang Yoda, que le premier a finalement supplanté.
Alors que Marseille reste le théâtre d’une guerre des territoires sanglante, le procureur Nicolas Bessone insiste : « Les problèmes ne seront pas réglés du jour au lendemain, mais nous avons des résultats concrets. »