Marine Le Pen devant la justice : un procès qui pourrait changer la donne politique

30 septembre, 2024 / Entrevue

Le procès de Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National (RN), s’est ouvert ce lundi au tribunal correctionnel de Paris. Accusée, aux côtés de 24 autres prévenus, de détournement de fonds européens pour rémunérer des employés du parti, Le Pen a affiché sa « sérénité », affirmant : « Nous n’avons violé aucune règle ».

À l’audience, la présidente Bénédicte de Perthuis a vérifié la présence des prévenus. Parmi eux figurent neuf anciens eurodéputés du RN, dont Louis Aliot et Bruno Gollnisch, ainsi que plusieurs assistants parlementaires et collaborateurs du parti. Le procès, qui se déroulera jusqu’au 27 novembre, vise à examiner des infractions soupçonnées ayant perduré sur une décennie, de 2004 à 2016, suite à un signalement en 2015 par Martin Schulz, alors président du Parlement européen.

Marine Le Pen a exprimé sa volonté de se défendre devant les juges, tout en soulignant que les assistants parlementaires, visés dans cette affaire, « ne sont pas des salariés du Parlement européen ». Le RN dénonce ce procès comme un « acharnement politique », arguant que ces employés avaient « vocation à faire de la politique ».

Pour l’accusation, les prévenus sont accusés d’avoir utilisé des fonds publics pour financer des postes qui, selon elle, n’étaient que des emplois fictifs. Le parquet de Paris évoque un « véritable système » instauré pour faire supporter, par le Parlement européen, une partie des coûts de fonctionnement du FN. Le préjudice financier estimé par le Parlement s’élève à trois millions d’euros, dont un million a déjà été remboursé.

Les risques encourus par Marine Le Pen sont lourds : jusqu’à dix ans de prison, un million d’euros d’amende et une inéligibilité de dix ans, potentiellement fatale pour ses ambitions présidentielles de 2027. Cependant, des voies de recours pourraient lui permettre de contourner ces sanctions, tant que celles-ci ne sont pas définitivement prononcées.

Les membres du RN, dont Sébastien Chenu, soutiennent que ce procès vise des « partis antisystème » et que le RN n’a rien à se reprocher. Alors que Marine Le Pen continue de promouvoir une image de calme et de détermination, la question de l’impact politique de cette affaire reste en suspens. À la veille d’une potentielle campagne pour 2027, son procès pourrait redéfinir le paysage politique français, d’autant plus que le mouvement a récemment obtenu 31,3% des voix lors des élections européennes, reflétant un fort euroscepticisme parmi les électeurs français.

En somme, ce procès est bien plus qu’un simple examen judiciaire ; il représente un tournant potentiel pour Marine Le Pen et le RN dans la lutte pour la légitimité politique face à des accusations qui pourraient ébranler leur position.