Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, critique vivement les récentes divisions qui ébranlent l’Assemblée, après le rejet du volet recettes du budget 2025. Exaspéré par ce qu’il décrit comme un « bal des ego », Fesneau plaide pour une coopération pragmatique et un engagement collectif pour répondre aux attentes des citoyens, loin des rivalités partisanes. « Tout ça est grotesque, irresponsable et surtout grave », lâche-t-il, s’adressant autant aux députés d’opposition qu’aux membres du « socle commun » soutenant le gouvernement de Michel Barnier.
Selon lui, la situation actuelle met en lumière l’absence de culture du compromis en France, un défaut qu’il estime urgent de corriger. « Nous devons déterminer sur quels textes nous pouvons avancer ensemble, par exemple sur la lutte contre le narcotrafic ou sur la fin de vie. » Dans une interview accordée au Point, Fesneau explique que la clé réside dans une « révolution copernicienne », où les représentants politiques s’engagent non pour se distinguer personnellement, mais pour soutenir des politiques concrètes en faveur des Français.
« L’ambition ne doit pas rendre aveugle »
Fesneau n’hésite pas à pointer du doigt certains responsables politiques, tels que Gabriel Attal et Laurent Wauquiez, dont il critique les ambitions personnelles. Selon lui, ces rivalités minent l’alliance entre les différents partis centristes et de droite républicaine. « Si on ne veut être que populaires, on finit avec les populistes », tranche-t-il. Pour Fesneau, gouverner signifie assumer des décisions difficiles, qui doivent être dictées par l’intérêt général et non par la quête de popularité.
Cette nécessité de cohésion prend une importance cruciale dans un contexte mondial troublé par la montée du populisme et les défis internationaux. La récente victoire de Donald Trump aux États-Unis en est pour lui un exemple frappant. Trump a su toucher le cœur des électeurs en abordant des thèmes concrets comme l’immigration et l’économie quotidienne. Fesneau estime que les modérés doivent aussi apprendre à répondre aux émotions et aux préoccupations des citoyens, sans céder pour autant au discours populiste.
Une démocratie parlementaire en danger
Face aux tensions, Fesneau souhaite renforcer le rôle du Parlement en privilégiant le dialogue et la construction d’un consensus pour éviter de nouvelles dissolutions, qu’il juge inutiles. « Les Français nous en voudraient de ne rien faire face à leurs problèmes, et ils auraient raison. » Il appelle ainsi les élus à surmonter les antagonismes et à travailler sur des priorités communes.
Marc Fesneau se place en défenseur d’une politique modérée, qui s’efforce de conjuguer rationalité et proximité avec les préoccupations des Français. Pour lui, l’enjeu est de taille : rétablir la crédibilité des institutions et montrer que les forces politiques, malgré leurs différences, peuvent agir ensemble dans l’intérêt général.