Marc Bloch, l’historien et résistant, bientôt au Panthéon

23 novembre, 2024 / Alice Leroy

Lors des célébrations du 80ᵉ anniversaire de la Libération de Strasbourg, Emmanuel Macron a annoncé la prochaine panthéonisation de Marc Bloch. Historien visionnaire et résistant fusillé par la Gestapo en 1944, il sera honoré “pour son œuvre, son enseignement et son courage”. Professeur d’histoire médiévale à Strasbourg, cofondateur de la prestigieuse revue Annales d’histoire économique et sociale, Marc Bloch a transformé la discipline historique en la connectant à la sociologie, l’économie et la psychologie. Son ouvrage majeur, L’Étrange défaite, rédigé en 1940, reste un témoignage incisif de l’effondrement de la France face au nazisme.

Au-delà de ses contributions intellectuelles, Marc Bloch incarne un engagement inébranlable pour la République. Mobilisé pendant les deux guerres mondiales, il rejoint la Résistance en 1943, devenant un des chefs régionaux à Lyon sous des pseudonymes comme “Chevreuse”. Arrêté le 8 mars 1944, il subit la torture à la prison de Montluc avant d’être exécuté le 16 juin, avec 29 compagnons. Même en captivité, il continuait à enseigner, convaincu que l’éducation restait un rempart face à l’oppression.

L’annonce de son entrée au Panthéon a suscité une grande émotion dans sa famille, notamment chez sa petite-fille Suzette Bloch, qui a exprimé “fierté et gratitude”. Toutefois, elle a demandé que l’extrême droite soit exclue de la cérémonie, soulignant que l’œuvre de Marc Bloch était antinationaliste, opposée au repli identitaire et à l’exaltation d’un “roman national”. La famille souhaite également que l’hommage reste strictement civil, conformément aux volontés de l’historien.

Marc Bloch rejoindra les grandes figures honorées sous Emmanuel Macron, comme Simone Veil ou Missak Manouchian. À travers cette panthéonisation, l’État rend hommage à un homme qui incarne la quête de vérité, la défense des libertés et le refus de l’obscurantisme. Son entrée au Panthéon, symbole d’un héritage universel, réaffirme l’importance de l’histoire et de la mémoire dans le combat pour les valeurs républicaines.