Manuel Bompard plaide pour la légalisation du cannabis pour lutter contre les trafics

Entrevue 1

Dans une prise de position sur CNews, Manuel Bompard, député de La France insoumise (LFI) pour Marseille, a plaidé en faveur de la légalisation du cannabis en France. Il estime que cette mesure permettrait de recentrer les efforts des forces de l’ordre sur la lutte contre les réseaux de criminalité organisée, plutôt que sur la répression des consommateurs. Cette déclaration intervient alors que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre de la Justice, Didier Migaud, se rendent à Marseille pour annoncer une série de mesures destinées à lutter contre le narcotrafic.

Bompard critique ouvertement la politique actuelle de répression, qu’il juge inefficace. « On s’inscrit toujours dans la même logique, la même manière de faire, qui ne produit aucun résultat », a-t-il dénoncé, faisant référence aux mesures de sécurité déjà instaurées sous le précédent gouvernement. Il estime qu’il est temps de rompre avec cette approche et de changer de stratégie. « Je plaide pour un changement de logique », a-t-il insisté.

Vers une légalisation contrôlée du cannabis

Pour le député LFI, la priorité est de concentrer les moyens de police et de justice sur la lutte contre les grandes organisations criminelles. « Avec la politique actuelle, on occupe nos policiers à pourchasser les petits consommateurs au lieu de démanteler les réseaux de criminalité organisée », a-t-il déclaré, jugeant cette stratégie contre-productive. À ses yeux, légaliser le cannabis permettrait de rediriger les ressources vers les véritables acteurs du trafic et de réduire les drames qui découlent du marché illégal de la drogue.

Le cannabis est, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), la substance illicite la plus consommée en France, avec près d’un adulte sur deux l’ayant déjà expérimenté. Bompard fait valoir que cette forte demande justifie un changement d’approche, tout en soulignant que le contrôle de la distribution et de la consommation par l’État pourrait être une solution à la crise actuelle. Ce modèle avait déjà été défendu par Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle de 2022.

Un débat relancé au cœur d’une crise de sécurité

Alors que Marseille est gangrenée par les violences liées aux trafics, les annonces attendues de Bruno Retailleau et Didier Migaud visent à « éviter la mexicanisation de la France », selon le terme employé récemment par le ministre de l’Intérieur. Parmi les mesures envisagées figurent la création d’un parquet national pour la lutte contre le crime organisé et de nouvelles sanctions renforcées pour les trafiquants. Cependant, Bompard reste sceptique quant à leur efficacité, soulignant que ces mesures s’inscrivent dans la continuité d’une politique qui, selon lui, « ne fonctionne pas et produit des drames au quotidien ».

Pour l’heure, les débats sont plus ouverts que jamais sur la nécessité de repenser la lutte contre le trafic de drogue en France. Tandis que les ministres poursuivent leurs actions pour enrayer le trafic, Manuel Bompard et d’autres défenseurs de la légalisation espèrent voir émerger une nouvelle voie, davantage axée sur la prévention et l’affaiblissement économique des réseaux criminels.

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