Madeleine Riffaud, résistante, poétesse et correspondante de guerre, s’est éteinte à 100 ans
La résistante et journaliste Madeleine Riffaud est décédée ce mercredi 6 novembre, à l’âge de 100 ans, a annoncé son éditeur Dupuis. Riffaud, née en 1924 dans la Somme, avait rejoint la Résistance en 1942, se distinguant par son engagement au sein des Francs-Tireurs et Partisans (FTP). Sous le pseudonyme « Rainer », choisi en hommage au poète Rainer Maria Rilke, elle participe activement à des actions contre l’occupant nazi, dont le meurtre d’un soldat allemand en 1944, sur le pont de Solférino à Paris. Cette action de résistance, suivie de sa capture et de sa torture par la Gestapo, a marqué son engagement et son parcours exceptionnel de combattante pour la liberté.
Après la guerre, Riffaud s’engage dans le journalisme et devient correspondante pour le quotidien communiste L’Humanité. Elle couvre notamment les guerres d’Algérie et du Vietnam, côtoyant des figures politiques majeures, dont Ho Chi Minh, qui la considère comme sa « fille ». Elle utilise sa plume pour dénoncer la violence des conflits coloniaux et les exactions, y compris la torture pratiquée à Paris contre les militants algériens du FLN. Son œuvre littéraire, notamment avec le recueil Le Poing fermé, préfacé par le poète Paul Éluard, et plus récemment la série de bandes dessinées Madeleine, résistante, retrace les épreuves de sa vie de combattante et de journaliste.
Jusqu’à ses derniers jours, Madeleine Riffaud est restée une figure marquante de la mémoire collective française, malgré les obstacles de la vieillesse. Dans les dernières années de sa vie, elle avait fait parler d’elle pour avoir été victime d’une escroquerie de la part de son aide à domicile. Cependant, ce sombre épisode ne ternit en rien l’héritage de cette femme d’une grande lucidité sur le monde et dotée d’un sens aigu de la formule.