Dans Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette, finaliste du prix Goncourt 2024, transporte ses lecteurs dans un petit hameau reculé, au cœur d’une époque féodale. Cette fresque romanesque, publiée aux éditions JC Lattès, dépeint un monde impitoyable, où la rudesse de la nature se mêle à l’oppression sociale. Au centre de ce récit : Madelaine, une enfant sauvage, adoptée par une communauté paysanne et qui, malgré les règles oppressives, devient une étincelle de révolte.
Après le succès de son précédent roman On était des loups, Collette choisit ici de plonger dans une époque ancienne, où l’isolement et le travail des terres façonnent le quotidien des habitants. Dans le hameau des Montées, les familles survivent sous l’autorité d’un seigneur qui les considère comme de simples outils de production. Ce quotidien de labeur, rythmé par les saisons et dominé par des lois inflexibles, laisse peu de place à l’espoir.
L’arrivée de Madelaine dans ce monde clos bouleverse l’ordre établi. Sans la soumission ancrée en elle, elle devient pour ces paysans l’incarnation d’une résistance instinctive. Sa rébellion prend la forme de petits actes de désobéissance : chasser sur les terres du seigneur ou enfreindre les règles pour survivre aux dures saisons. Pour cette communauté, où la survie prime sur tout, Madelaine est à la fois un modèle et une force capable d’ébranler la résignation collective.
Dans un style poétique et dense, Collette compose un texte où le paysage naturel, rude et indifférent, devient un personnage à part entière, et où l’oppression humaine trouve un écho dans l’implacable cruauté de la nature. La plume de l’autrice confère une ambiance intemporelle et universelle au récit. Inspirée par des écrivains tels que Giono, Collette explore le rapport viscéral entre l’homme, la terre, et la lutte pour la liberté. Madelaine, quant à elle, émerge comme une figure intemporelle de l’insoumission, prête à braver le monde patriarcal et à semer les graines de la révolte.