Emmanuel Macron envisage sérieusement de nommer Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France et figure des Républicains (LR), au poste de Premier ministre. Selon des informations obtenues par Le Parisien, cette option, bien que risquée, semble désormais être privilégiée par le chef de l’État, malgré des relations historiquement tendues entre les deux hommes.
Un changement de cap stratégique
Ces derniers jours, plusieurs noms étaient évoqués pour succéder à Gabriel Attal à Matignon, notamment Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, et Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Cependant, Cazeneuve a été écarté en raison de son manque de soutien au sein de sa propre famille politique et de sa volonté de revenir sur la réforme des retraites, un point non négociable pour Emmanuel Macron. Quant à Thierry Beaudet, sa candidature semble avoir perdu de la vigueur, laissant Xavier Bertrand en tête des options envisagées.
Les Républicains posent deux conditions clés
Ce Mardi matin, Emmanuel Macron a tenu une réunion téléphonique cruciale avec trois poids lourds de la droite républicaine : Gérard Larcher, président du Sénat, Laurent Wauquiez, leader des députés LR, et Bruno Retailleau, chef des sénateurs LR. Bien qu’ils ne s’opposent pas frontalement à la nomination de Bertrand, ils ont posé deux conditions indispensables.
Premièrement, ils ont exigé que le président garantisse que le futur gouvernement ne sera pas censuré. Cette demande est particulièrement importante, car le Rassemblement National (RN) a déjà fait savoir qu’il déposerait une motion de censure si Xavier Bertrand était nommé. Le risque de censure constitue un obstacle majeur que Macron devra surmonter. Cependant, selon des informations exclusives obtenues par Entrevue, cette menace de censure pourrait être un bluff. Un accord secret entre Sébastien Chenu, vice-président du RN, et Xavier Bertrand aurait ce matin été conclu, rendant la censure peu probable.
Deuxièmement, la droite a insisté sur le respect de la réforme des retraites, adoptée après de longues et difficiles négociations. Toute tentative de modification ou d’abrogation de cette réforme serait perçue comme une trahison par la droite, qui considère ce texte comme un acquis inattaquable.
Des répercussions stratégiques pour Laurent Wauquiez
La nomination de Xavier Bertrand pourrait aussi avoir des conséquences stratégiques pour Laurent Wauquiez, leader des Républicains à l’Assemblée nationale. Selon certains observateurs au sein du gouvernement, installer Bertrand à Matignon pourrait mettre « la pression sur Wauquiez » en le forçant à engager un dialogue plus approfondi avec le bloc central, composé des soutiens d’Emmanuel Macron. Une telle situation pourrait créer des tensions au sein même des Républicains, tout en obligeant Wauquiez à réévaluer sa position face à un gouvernement dirigé par un membre de sa propre famille politique.
Une décision à haut risque pour Macron
Si la nomination de Xavier Bertrand à Matignon pourrait offrir à Emmanuel Macron une ouverture vers la droite modérée, elle n’en demeure pas moins une option risquée. Entre la menace de censure brandie par le RN et les exigences strictes des Républicains, Macron doit naviguer avec précaution. Les prochaines heures seront décisives pour savoir si Bertrand pourra réellement succéder à Gabriel Attal, et dans quelles conditions il pourrait gouverner. Cette décision, si elle est prise, pourrait redéfinir l’équilibre politique au sein du gouvernement et au-delà.