Quelques jours après la conclusion d’un cessez-le-feu au Liban, la chute du régime de Bachar el-Assad, et l’élection de Joseph Aoun à la tête de l’État libanais, Emmanuel Macron s’est exprimé depuis l’Élysée dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour.
« Le sursaut auquel on assiste au Liban est un espoir incroyable », a déclaré le président français, soulignant les récents changements politiques majeurs dans la région. Selon lui, la priorité absolue reste que l’État libanais retrouve « le monopole de la violence légitime », une référence explicite à l’accord qui prévoit notamment le désarmement du Hezbollah, y compris au nord du Litani.
Un nouveau chapitre pour le Liban
À la veille de son déplacement au Liban, M. Macron a salué l’élection de Joseph Aoun à la présidence et la nomination de Nawaf Salam au poste de Premier ministre, qu’il attribue en partie au « travail de diplomatie régionale » mené par la France. Il a toutefois rappelé que la stabilisation durable du pays passera par un « gouvernement inclusif » et un retour à une gouvernance effective, condition essentielle pour bénéficier d’une aide internationale à la reconstruction.
En réponse aux critiques sur son soutien passé à la candidature de Sleiman Frangié, M. Macron a fermement déclaré : « Je crois pouvoir dire que jamais la France n’a fait le jeu du Hezbollah. » Ce positionnement marque un tournant clair dans l’approche française, renforçant l’objectif de ramener le Liban sous une autorité centrale forte.
Un Proche-Orient en quête de solutions politiques
Plus largement, le président a abordé les tensions régionales exacerbées par les récents conflits à Gaza, au Liban, et au Yémen. Si le cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas marque une accalmie temporaire, M. Macron estime que « la région ne pourra sortir des déséquilibres permanents si la réponse reste uniquement sécuritaire ». Pour lui, la solution passe par une approche politique globale, notamment la reconnaissance du droit des Palestiniens à un État indépendant, tout en assurant la sécurité d’Israël.
« Tout ce qui s’est passé démontre que seule une solution politique, fondée sur la coexistence des deux États, permettra de stabiliser durablement la région », a-t-il déclaré, appelant à une reprise des négociations sur cette base.
Concernant la Syrie, où le régime de Bachar el-Assad s’effondre, le président français a indiqué que la levée des sanctions internationales dépendra de plusieurs conditions, notamment la protection des minorités, la lutte contre les trafics comme celui du captagon, et le respect des droits des Kurdes.
Quant à l’Iran, M. Macron a plaidé pour un « dialogue structuré » afin de désamorcer les tensions tout en observant de près les ambitions régionales de Téhéran.
Une diplomatie française à l’œuvre
Pour conclure, Emmanuel Macron a souligné le rôle clé de la diplomatie française dans ces évolutions. « Nous avons travaillé sans relâche pour réengager Riyad et d’autres partenaires dans le dossier libanais », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance d’une coopération régionale élargie pour stabiliser durablement le Proche-Orient.
Ce message, livré à un moment charnière pour la région, incarne une vision où sécurité et politique doivent aller de pair, afin d’éviter de nouvelles flambées de violence et ouvrir la voie à un avenir plus stable.