Le président de la République, Emmanuel Macron, est arrivé en Nouvelle-Calédonie dans un contexte explosif, marqué par des émeutes meurtrières. Ces troubles ont été déclenchés par le projet controversé de dégel du corps électoral, une réforme perçue comme une menace par une partie de la population.
Face à cette situation, Emmanuel Macron a annoncé un report de « quelques semaines » du projet de réforme du corps électoral, initialement prévu pour être soumis au Congrès fin juin. Cette décision intervient après plusieurs jours de violences qui ont coûté la vie à six personnes. « Je me suis engagé à ce que cette réforme ne passe pas en force dans le contexte actuel et que nous nous donnions quelques semaines pour reprendre le dialogue et trouver un accord global », a déclaré le président.
Malgré des rencontres avec toutes les parties prenantes, qu’elles soient loyalistes ou indépendantistes, le président n’a pas réussi à les réunir autour d’une même table, signe que la situation reste tendue. Macron a exprimé son souhait de voir la fin des hostilités, la levée de l’état d’urgence et la reprise du dialogue. Il a annoncé la mise en place d’une mission de médiation composée de trois hauts fonctionnaires, avec un point d’étape prévu dans un mois. Cet accord, s’il est trouvé, devra être soumis au vote des Calédoniens.
Le président a exclu toute remise en question des trois référendums d’autodétermination de 2018, 2020 et 2021, qui ont tous rejeté l’indépendance. Bien que ces scrutins n’aient pas pacifié les relations, Macron a souligné leur application stricte et a appelé à réfléchir à l’après-référendum.
Après dix jours d’émeutes, un retour au calme relatif a été observé, bien que de nombreux barrages subsistent. Dès son arrivée, Emmanuel Macron a rendu hommage aux victimes et a décrit un « mouvement d’insurrection inédit » par son organisation et sa violence. Il a estimé que la prolongation de l’état d’urgence au-delà des 12 jours légaux ne serait pas nécessaire si les barrages étaient levés rapidement. Pour ce faire, 3 000 membres des forces de l’ordre, incluant des unités du GIGN et du RAID, ont été déployés pour reprendre progressivement les quartiers et lever les barrages.
Sur le plan économique, Macron a promis une « aide d’urgence » pour faire face aux « dommages colossaux » causés par les émeutiers. Il a affirmé que la Nouvelle-Calédonie ne devait pas devenir « le Far West » et a insisté sur la nécessité de lever tous les barrages et points de violence.
La visite de Macron en Nouvelle-Calédonie vise à naviguer dans un contexte de violence et de méfiance. Le projet de réforme électorale, qui vise à élargir le corps électoral pour les élections provinciales, a déclenché des violences sans précédent depuis des décennies. Les barrages instaurés par les émeutiers restent en place et l’aéroport international de La Tontouta reste fermé jusqu’à mardi, perturbant encore plus la vie quotidienne et les déplacements.
Les pays voisins, comme le Vanuatu et la Nouvelle-Zélande, organisent le rapatriement de leurs ressortissants face à l’escalade des violences. Pendant ce temps, les forces de l’ordre continuent leurs opérations de sécurisation des quartiers, un processus qui demande des « moyens phénoménaux » selon la cheffe de file des loyalistes, Sonia Backès.
En somme, la situation en Nouvelle-Calédonie reste extrêmement fragile. La volonté de dialogue du président Macron et la mise en place d’une mission de médiation constituent des étapes cruciales pour tenter de rétablir la paix et avancer vers un accord global acceptable pour toutes les parties.