Le ministère de l’Économie a dévoilé ce vendredi les chiffres de la lutte contre la fraude en 2024. Près de 20 milliards d’euros de fraudes ont été détectés, dont 17 milliards pour la fraude fiscale, un montant en hausse par rapport aux années précédentes.
Selon la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, la fraude s’est transformée en un phénomène organisé. « Nous sommes passés de fraudeurs individuels à une véritable industrie de la fraude, avec une offensive de la criminalité organisée sur nos politiques publiques », a-t-elle déclaré.
Si 13 milliards d’euros ont été récupérés en 2024, le gouvernement ambitionne de doubler les montants détectés d’ici 2029, en visant 40 milliards d’euros.
La fraude fiscale demeure le principal défi avec 16,7 milliards d’euros identifiés, dont seulement 11,4 milliards recouvrés. Malgré une hausse des contrôles et un renforcement des outils numériques, il reste difficile d’évaluer précisément l’ampleur totale de l’évasion fiscale en France.
En matière de fraude sociale, la Caisse nationale des allocations familiales a détecté 450 millions d’euros de fraudes, soit une augmentation de 20 %. De son côté, l’Urssaf a repéré 1,6 milliard d’euros de fraude aux cotisations sociales, en hausse de 33 % sur un an.
Le gouvernement veut accélérer la lutte avec plusieurs initiatives :
- Suspension du versement des aides publiques en cas de suspicion de fraude (examen au Sénat prévu le 2 avril).
- Création d’une base unique des RIB frauduleux pour limiter les usurpations d’identité.
- Criminalisation des escroqueries aux finances publiques en bande organisée.
- Généralisation de la facturation électronique dès 2026 pour lutter contre la fraude à la TVA.
- Recrutement de 1 500 agents supplémentaires dédiés à la lutte contre la fraude, dont 780 d’ici fin 2025.
Alors que la France doit ramener son déficit à 5,4 % du PIB en 2025, contre environ 6 % en 2024, la lutte contre la fraude est présentée comme un levier majeur pour éviter des hausses d’impôts ou des coupes budgétaires. Reste à savoir si les nouvelles mesures permettront de transformer ces détections massives en recouvrements effectifs.
