Le bras de fer entre Bruxelles et Budapest s’intensifie. Le 3 octobre 2024, la Commission européenne a annoncé avoir saisi la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour contester la loi sur la « souveraineté » adoptée en Hongrie fin 2023. Ce texte controversé, mis en place avant les élections européennes et municipales de 2024, vise à créer un « bureau indépendant de protection de la souveraineté » chargé de lutter contre les « interférences étrangères » dans le processus électoral, avec des peines d’emprisonnement potentielles. Pour Bruxelles, cette législation est en violation du droit européen et constitue une menace pour les libertés fondamentales.
Depuis février, l’Union européenne exprime ses « sérieuses préoccupations » face à cette loi. La réponse du gouvernement hongrois n’ayant pas été jugée satisfaisante, Bruxelles a décidé d’engager cette action judiciaire. Cette étape marque une nouvelle escalade dans les tensions persistantes entre la Hongrie de Viktor Orban et ses partenaires européens.
Le texte a été vivement critiqué par des ONG de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International, qui accusent le gouvernement hongrois de vouloir museler les contre-pouvoirs et faire taire les voix dissidentes. Elles craignent que les journalistes, syndicats, entreprises et même des municipalités soient ciblés par cette loi sous prétexte de recevoir des financements étrangers.
Le gouvernement hongrois, de son côté, accuse régulièrement Bruxelles et des organisations étrangères, notamment américaines, de financer l’opposition dans le but d’influencer les électeurs. Selon Budapest, cette législation est indispensable pour protéger la souveraineté nationale. Le « bureau de protection de la souveraineté », autorisé à enquêter sur les organisations perçues comme menaçant la sécurité nationale, a déjà été mis en action, suscitant l’inquiétude des journalistes indépendants et des militants de la société civile.
Les critiques ne se limitent pas à l’Europe. Les États-Unis ont également exprimé leur « préoccupation » face à cette loi, dénonçant son incompatibilité avec les principes de démocratie et d’État de droit. Selon Washington, cette législation pourrait être utilisée pour intimider et sanctionner les personnes ou les organisations en désaccord avec le parti au pouvoir, le Fidesz.
Cette nouvelle action judiciaire intervient alors que la Hongrie occupe jusqu’au 31 décembre 2024 la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, une situation qui ne fait qu’accentuer les tensions. Viktor Orban, régulièrement critiqué pour ses positions autoritaires, devrait prendre la parole au Parlement européen la semaine prochaine, alors même que sa rencontre en juillet dernier avec Vladimir Poutine continue de susciter de vives réactions parmi ses homologues européens.