Louis Aliot bousculé au procès des emplois fictifs : un assistant payé pour trier le courrier ?
Ce mardi, c’est au tour de Louis Aliot, maire de Perpignan et numéro deux du Rassemblement national (RN), de répondre des accusations d’emplois fictifs devant le tribunal correctionnel de Paris. Son interrogatoire, axé sur les tâches de son ancien assistant parlementaire Laurent Salles, a été marqué par des détails surprenants, laissant le tribunal perplexe.
Dès le début de son mandat de député européen en 2014, Aliot avait recruté Laurent Salles pour une mission bien spécifique : trier son courrier. Une tâche « à temps plein », selon Aliot, consistant à faire le tri entre les lettres sérieuses et celles émanant de « fous qui écrivent ». Une description qui a suscité de l’amusement mêlé à une certaine exaspération de la part de la présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis, alors qu’elle questionnait Aliot sur le caractère substantiel de ce « tri » censé occuper un salarié rémunéré 2 560 euros par mois.
L’accusation reproche à Louis Aliot d’avoir financé le salaire de Laurent Salles, officiellement son assistant parlementaire, via le Parlement européen, alors que ce dernier serait en réalité resté impliqué dans l’organisation du RN. Les enquêteurs, qui n’ont retrouvé qu’un unique SMS entre Aliot et Salles, estiment que ce dernier consacrait la majorité de son temps aux activités internes du parti.
Pour Aliot, cependant, le tri du courrier représentait un « travail assez simple » mais essentiel, consistant à « écarter les lettres de fous » et à classer les courriers selon leur degré de technicité ou de contenu politique. Ce tri devait être effectué « deux fois par jour », une justification que la présidente de Perthuis n’a pas manqué de relever avec ironie, s’interrogeant sur le caractère réellement professionnel de cet emploi.
À la barre, Laurent Salles a préféré exercer son droit au silence, sans confirmer ni infirmer les tâches que Louis Aliot lui attribue. Celui-ci, de son côté, a reconnu n’avoir échangé que très peu avec son assistant, affirmant qu’il le voyait suffisamment souvent pour ne pas avoir besoin de communications écrites.
Face aux questions insistantes de l’avocat du Parlement européen, Me Patrick Maisonneuve, Aliot a admis avoir refusé de répondre aux enquêteurs « par principe » durant l’instruction, une stratégie déjà adoptée par d’autres cadres du RN depuis l’ouverture du procès le 30 septembre.
Des soupçons d’emplois fictifs au RN
Le procès des assistants parlementaires du RN, qui s’étendra jusqu’au 27 novembre, implique 25 prévenus, dont des figures de premier plan comme Marine Le Pen, présidente du parti. Ils sont accusés d’avoir détourné 6,8 millions d’euros en fonds européens pour financer des emplois fictifs au service du Front national (devenu RN), alors même que ces assistants étaient censés se consacrer exclusivement aux missions parlementaires européennes.
Si Louis Aliot et les autres cadres du RN sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Des peines d’inéligibilité de cinq à dix ans pourraient également être prononcées, des sanctions qui pourraient fragiliser encore davantage un parti déjà sous tension.
Ce procès, qui porte un sérieux coup à l’image du RN, pourrait s’avérer déterminant pour l’avenir politique du parti. La présence de Marine Le Pen et de plusieurs conseillers municipaux de Perpignan en soutien à Louis Aliot, illustre l’importance de cet événement pour le RN.
Entre exaspération et amusement, l’interrogatoire de Louis Aliot a exposé un témoignage pour le moins déconcertant, alors que la justice tente de faire la lumière sur le rôle réel des assistants parlementaires du RN.