Loi immigration : Manon Aubry dénonce une stratégie pour éviter le débat sur le budget
Alors qu’un nouveau projet de loi sur l’immigration est prévu pour janvier 2025, l’eurodéputée de La France insoumise (LFI), Manon Aubry, n’a pas tardé à critiquer cette annonce. Sur Europe 1 et CNews ce mardi, elle a accusé le gouvernement d’utiliser ce projet comme une « diversion » pour détourner l’attention des Français du budget, qui, selon elle, sera une « saignée sociale sans précédent ». Le gouvernement, qui prévoit des coupes massives de 60 milliards d’euros pour 2025, serait selon Aubry en train de chercher à éviter la polémique autour de ces économies drastiques.
Une nouvelle loi immigration, déjà ?
La dernière loi immigration, adoptée début 2024, n’a pas encore été pleinement appliquée, rappelle l’eurodéputée. « Pourquoi parle-t-on déjà d’une nouvelle loi immigration alors que la dernière n’est même pas en vigueur et que tous les décrets n’ont pas été publiés ? » s’interroge-t-elle, avant de dénoncer une stratégie politique bien rodée. Pour Manon Aubry, il est clair que le gouvernement veut détourner le débat de la question budgétaire : « La ficelle est un peu grosse », ironise-t-elle.
Manon Aubry va plus loin et accuse l’exécutif de s’aligner sur les idées du Rassemblement national (RN) pour garantir son soutien lors du vote du budget. Selon elle, « le gouvernement copie-colle le programme du RN » dans l’espoir que les députés de Marine Le Pen s’abstiennent ou ne participent pas au vote. Cela permettrait l’adoption du budget sans recourir à l’article 49-3, une stratégie déjà utilisée par le passé. « Ils savent qu’ils tiennent sur le soutien du Rassemblement national », affirme-t-elle, dénonçant cette proximité croissante entre les deux partis.
En plus de ses critiques sur la loi immigration, Manon Aubry est catégorique : elle estime que le gouvernement ne tiendra pas jusqu’à l’examen de ce nouveau projet de loi. « Je vous parie un petit déjeuner que ce gouvernement sera tombé avant même qu’une nouvelle loi immigration puisse être examinée », a-t-elle lancé sur le ton de la plaisanterie.
L’Union européenne également visée
Manon Aubry ne se limite pas à critiquer le gouvernement français. Elle a également fustigé la Commission européenne, accusée de suivre la même logique de diversion. Lundi, Ursula von der Leyen a annoncé la préparation d’une législation pour faciliter les expulsions des migrants en situation irrégulière. Là encore, Aubry y voit un parallèle avec la France : « Ursula von der Leyen repose aussi sur l’extrême droite, et il y a également eu une loi immigration européenne il y a moins de deux ans », souligne-t-elle, évoquant la fragilité politique de la Commission européenne.
Entre des accusations de diversion et une critique acerbe des alliances politiques sous-jacentes, Manon Aubry marque une nouvelle fois son opposition frontale à la politique migratoire et économique du gouvernement.