À quelques jours de l’ouverture du Salon de l’Agriculture, députés et sénateurs s’apprêtent à trancher sur un texte crucial pour l’avenir du monde agricole. Ce mardi 18 février, une commission mixte paritaire réunissant sept élus de chaque chambre tentera de trouver un compromis sur la loi d’orientation agricole, un texte attendu depuis des mois par une profession en détresse.
Le gouvernement Attal avait annoncé cette loi il y a un an, en réponse aux mobilisations massives des agriculteurs exaspérés par des normes toujours plus contraignantes et un sentiment d’abandon face aux diktats de Bruxelles. Après un passage à l’Assemblée nationale au printemps, puis au Sénat, le texte doit être harmonisé entre les deux chambres avant une adoption définitive. Un calendrier serré, mais dicté par l’urgence politique : l’exécutif veut donner des gages aux agriculteurs avant l’ouverture du Salon, où Emmanuel Macron viendra au contact d’une profession plus que jamais sur le pied de guerre.
Si la majorité sénatoriale, dominée par la droite et le centre, s’est montrée favorable à une reconnaissance de l’agriculture comme un « intérêt général majeur », certains points du texte restent âprement discutés. Parmi eux, la création d’un principe de « non-régression de la souveraineté alimentaire », une revendication forte des sénateurs pour garantir que les futures lois ne pourront affaiblir l’autonomie agricole française. Mais la mesure rencontre des résistances, notamment à l’Assemblée, où certains veulent au contraire renforcer les contraintes environnementales.
Autre sujet brûlant : une disposition visant à alléger la responsabilité pénale des agriculteurs face aux infractions environnementales, qui fait hurler les écologistes. Ces derniers dénoncent un texte étudié dans « des conditions dégradées » et demandent un report des discussions jusqu’à la mi-mars. Une manœuvre dilatoire qui ne trompe personne : à force d’entraves bureaucratiques et de réglementations hors sol, on a déjà poussé des milliers d’exploitants à la faillite.
Toutefois, certaines avancées font consensus. La création d’un guichet unique départemental pour faciliter la transmission des exploitations entre cédants et repreneurs est saluée comme une réponse concrète à l’un des plus grands défis du secteur : le renouvellement des générations. Mais sans une revalorisation des revenus agricoles et une réelle protection contre la concurrence déloyale, ces ajustements risquent d’être dérisoires face au malaise profond du monde paysan.
Reste à voir si les députés et sénateurs auront le courage de défendre ceux qui nous nourrissent. Car il n’y a pas de pays sans paysans, et sans une politique agricole souveraine, la France se condamne à dépendre des importations et à voir ses campagnes se désertifier. L’enjeu de ce vote dépasse donc largement les murs du Parlement : c’est l’avenir même de notre agriculture qui se joue.