L’intelligence artificielle manque-t-elle de la touche féminine ?

Entrevue 1

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous nous trouvons face à une contradiction frappante : alors que le monde célèbre les progrès accomplis, l’intelligence artificielle (IA) se présente comme un outil capable soit de renforcer l’égalité, soit de faire reculer les avancées. Le choix nous appartient : allons-nous permettre aux femmes de mener cette révolution technologique, ou les laisser prisonnières d’algorithmes biaisés ?

Malgré les avancées technologiques et la prolifération d’outils et d’applications ces dernières années, l’IA pourrait devenir l’outil le plus puissant entre les mains des femmes pour promouvoir l’égalité. Tout dépendra de la capacité des femmes – et de tous – à adopter cette technologie qui transforme rapidement notre monde, à contribuer à son évolution et à en tirer parti.

L’intelligence artificielle peut jouer un rôle clé pour autonomiser les femmes en leur facilitant l’accès à l’éducation et au développement des compétences, en renforçant leurs opportunités professionnelles, leur indépendance financière, leur sécurité et leur participation à la gouvernance. Elle peut aussi soutenir les entrepreneures, diffuser des connaissances sur les droits légaux, encourager la participation politique et citoyenne, et améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Cela souligne l’urgence d’avoir plus de femmes impliquées dans la création des technologies d’IA. Actuellement, les femmes ne représentent même pas un tiers des spécialistes de l’intelligence artificielle et seulement 18 % des chercheurs dans ce domaine à l’échelle mondiale. Cette sous-représentation est un problème majeur : l’absence des femmes signifie l’absence de leur vision et de leur influence sur ces technologies. Mais ce n’est pas tout. Il est également crucial que les femmes, partout dans le monde, commencent à utiliser et à intégrer ces outils d’IA dans leur quotidien et leur travail.

Dans les formations en intelligence artificielle, les femmes ne représentent que 28 % des inscrits à l’échelle mondiale. Ce manque d’engagement crée un cercle vicieux : en hésitant à adopter ces technologies, les femmes risquent de se retrouver encore plus marginalisées dans un monde du travail et une société de plus en plus façonnés par l’IA.

Il est important de noter que de nombreux outils sont gratuits et accessibles à toute personne disposant d’un ordinateur ou d’un smartphone. Imaginez avoir un mentor disponible à toute heure, offrant des conseils sans jugement. Cette technologie pourrait être bien plus qu’un simple outil : elle pourrait être l’opportunité tant attendue, celle qui apporte aux femmes le soutien, la compétence et la confiance que les systèmes précédents ont échoué à leur offrir.

Dans le domaine du mentorat et de l’orientation, nous avons vu les conséquences directes des inégalités. Trop souvent, les femmes se sentent insuffisamment préparées pour des rôles de leadership ou voient les hommes comme les choix évidents pour ces postes. Le manque de mentorat est un obstacle à l’égalité, avec 24 % de chances en moins pour les femmes de recevoir des conseils de dirigeants expérimentés par rapport aux hommes. Pour les femmes racisées, l’écart est encore plus grand.

Cependant, il est également indéniable que les biais sont profondément ancrés dans les outils d’intelligence artificielle eux-mêmes, et il est crucial de reconnaître les risques réels qu’ils posent aux femmes. Nous avons déjà constaté comment certaines IA perpétuent des stéréotypes : des algorithmes de recrutement favorisant les candidats masculins aux générateurs d’images qui hypersexualisent les femmes. La responsabilité incombe donc à la fois aux développeurs et aux décideurs, mais aussi aux femmes elles-mêmes, qui doivent s’impliquer activement dans ce domaine en pleine évolution.

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