L’influence du Rassemblement National dans une Assemblée fragmentée

Malgré l’échec de leur « plan Matignon », le Rassemblement National (RN) s’impose comme une force incontournable au sein d’une Assemblée nationale française fragmentée, avec un nombre de sièges en nette augmentation. Bien que le parti dirigé par Marine Le Pen reste fermement opposé au Nouveau Front populaire, il garde une position ambiguë quant à ses intentions vis-à-vis du prochain gouvernement.

Suite à la déception des élections législatives anticipées, qui ont éteint leurs espoirs de majorité absolue, Jordan Bardella et Marine Le Pen sont prêts à reprendre les engagements politiques, commençant par une réunion à l’Élysée. Invités par le président Emmanuel Macron, en même temps que d’autres leaders de partis et de groupes parlementaires, les dirigeants du RN prévoient d’articuler leur position d’opposition, ayant peu d’attentes quant à l’issue de la rencontre, déjà qualifiée par eux de simple « artifice de communication » de Macron.

La stratégie du RN semble axée sur la demande de méthodes alternatives de gouvernance telles que les référendums pour briser les impasses parlementaires, reflétant un changement stratégique vers une implication législative plus proactive. Avec 126 députés, et 142 en comptant les alliés de la faction d’Éric Ciotti, contre 89 dans la législature précédente, le RN se positionne pour influencer de manière significative les procédures parlementaires, y compris la capacité d’endosser ou d’initier des motions de censure contre le gouvernement.

Le RN a clarifié qu’il s’opposerait à tout gouvernement comprenant des membres de La France insoumise (LFI) et des écologistes, soulignant une « ligne rouge » contre la participation de la gauche au cabinet. Cependant, le parti reste ouvert à reconsidérer sa position si une figure centriste émerge comme candidate à la primature, indiquant une approche potentiellement plus coopérative que lors des sessions précédentes.

Entre-temps, les discussions internes au parti se concentrent sur le fait d’être une « opposition responsable », capable d’une dissidence claire, déterminée mais respectueuse. Cette posture fait partie d’une stratégie plus large visant à influencer les enjeux législatifs clés sans recourir aux tactiques perturbatrices souvent associées à LFI.

La période à venir dans la politique française promet d’être un moment de test pour la nouvelle force parlementaire du RN. Avec la perspective d’interactions moins conciliantes compte tenu des affronts passés, et l’œil sur de nouvelles opportunités électorales, le RN se prépare à jouer un rôle critique dans la configuration du paysage politique français, commençant par la question controversée de l’abrogation de la réforme des retraites prévue pour débat le 31 octobre lors de la session parlementaire dédiée du groupe.