Line Renaud se confie sur son avortement à l’âge de 18 ans, dans la clandestinité la plus totale

28 octobre, 2024 / Jerome Goulon

Dimanche soir sur France 2, Line Renaud, invitée de 20h30 le dimanche, a partagé son expérience personnelle d’un avortement clandestin. Dans son témoignage, Lien renaud est revenue sur cet épisode de sa jeunesse, survenu dans les années 1950, à une époque où l’avortement était illégal en France. Elle a décrit les peurs et les risques associés à cette procédure, réalisée dans des conditions précaires et dangereuses, soulignant l’impact que cela a eu sur elle.

Au cours de l’interview, Line Renaud a confié qu’elle était tombée enceinte à 18 ans, mais que son compagnon, qui deviendra son mari, Loulou Gasté, ne voulait pas d’enfant, et qu’elle voulait respecter sa décision : « Je n’étais pas assez installée dans la vie de Loulou pour imposer, pour vouloir et pour direje veux‘. Tout ce dont je me souviens, c’est que tout est noir. On a monté un escalier, je suis arrivée devant une femme qui est venue avec deux aiguilles à tricoter. Elle a percé, j’ai saigné. Et voilà… »

Lors de son témoignage, Line Renaud a rappelé l’importance de la liberté de choix et du droit à l’avortement, un droit acquis en France en 1975 avec la loi Veil, concluant : « Madame Simone Veil, merci. Merci Madame Veil. »

Le combat de Simone Veil si cher à Line Renaud

Pour rappel, en 1974, alors que Valérie Giscard d’Estaing vient d’être élu président de la République, Simone Veil est nommée au poste de ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac. C’est alors la seule femme ministre. Dès le premier Conseil des ministres, un sujet est mis sur la table : celui de la légalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse. À cette période, le sujet est extrêmement tabou, et de nombreuses femmes sont obligées d’avorter clandestinement. Drame de l’époque : un grand nombre d’entre elles ne survivent pas à leur avortement, réalisé dans des conditions d’hygiène précaires. On compte alors 5 000 décès chaque année à cause de ces avortements réalisés dans la clandestinité. Un chiffre effroyable…

Dans ce contexte dramatique et dans une société hostile au droit à l’avortement, Simone Veil est chargée de faire adopter le projet de loi, ce qui lui vaut dans un premier temps de nombreuses critiques. Edgar Faure, alors président de l’Assemblée nationale, donne la parole à Simone Veil pour un discours qui va la faire entrer dans l’Histoire. Nous sommes le 26 novembre 1974, et Simone Veil entame son discours : « Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme. Je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. » Durant 40 minutes, Simone Veil s’érige en porte-parole de toutes ces femmes qui souffrent ou qui meurent…

Après le discours de Simone Veil, suivent trois jours de débats très houleux. La loi est finalement votée dans la nuit du 29 novembre 1974, puis promulguée le 17 janvier 1975 après que le texte ait été voté au Sénat. Ce dernier stipule que « la femme enceinte que son état place dans une situation de détresse peut demander à un médecin l’interruption de sa grossesse. Cette interruption ne peut être pratiquée qu’avant la fin de la dixième semaine. » Pour autant, la victoire n’est que provisoire, puisque la loi n’est votée dans un premier temps que pour 5 ans, soit jusqu’en 1979. Finalement, le gouvernement se refusant à faire machine arrière devant cette avancée majeure dans la société française, elle sera définitivement adoptée, et le délai pour pratiquer un avortement sera même porté à 12 semaines. 

Bien que cette loi soit une grande avancée pour les femmes, Simone Veil insistera toujours pour s’opposer à la banalisation de l’avortement qui, selon elle, « restera toujours un drame. » Si la loi n’est pas un encouragement à avorter, elle permet au moins aux femmes d’avoir le choix et, surtout, de ne plus mourir lors d’opérations clandestines.