Quelques jours après son élection à la présidence du Liban, Joseph Aoun a entamé des consultations parlementaires pour désigner un Premier ministre, conformément au système confessionnel du pays. Cette démarche intervient alors que le Liban traverse une grave crise économique et politique, après plus de deux ans de vacance présidentielle et un conflit récent entre le Hezbollah et Israël, suspendu par un cessez-le-feu en novembre 2024.
Parmi les noms évoqués pour ce poste réservé à un musulman sunnite figurent Najib Mikati, actuel Premier ministre intérimaire, le juge international Nawaf Salam, et le député Fouad Makhzoumi, connu pour ses positions anti-Hezbollah. Cependant, M. Makhzoumi s’est récemment retiré pour favoriser un consensus autour de Nawaf Salam. Le Hezbollah et son allié Amal, menés par Nabih Berri, président du Parlement, soutiennent quant à eux la reconduction de Najib Mikati, un choix qui semble lié à un accord préalable impliquant l’Arabie saoudite.
Le futur Premier ministre devra faire face à des défis de taille, notamment la mise en œuvre de réformes économiques réclamées par les donateurs internationaux, ainsi que la reconstruction du pays après le conflit. Il devra également veiller à l’application de l’accord de cessez-le-feu de novembre, qui prévoit notamment le retrait du Hezbollah des zones frontalières avec Israël, toujours sujettes à des tensions.
L’élection de Joseph Aoun, soutenue par des efforts diplomatiques intenses des États-Unis et de l’Arabie saoudite, marque une tentative pour stabiliser le pays. Toutefois, la désignation du Premier ministre, bien qu’urgente, risque d’être retardée par les divisions politiques profondes, comme cela a souvent été le cas dans le passé.
Des forces d’opposition, regroupant notamment les Forces libanaises (FL), continuent de rejeter Najib Mikati, le jugeant lié à un système politique dépassé et influencé par le Hezbollah. Elles tentent de rallier les indépendants et l’opposition autour de Nawaf Salam pour faire obstacle à sa désignation.
Malgré les promesses de Joseph Aoun d’ouvrir une nouvelle ère pour le Liban, les incertitudes demeurent. Les tensions internes et les intérêts divergents des acteurs régionaux et internationaux pourraient encore retarder la formation d’un gouvernement capable de relever les immenses défis auxquels le pays est confronté.