L’affaire qui oppose les Forces Libanaises et le groupe “Soldats de Dieu”, soutenu par Antoun Sehnaoui, président du conseil d’administration de la Société Générale de Banque au Liban, et associé de Julie Gayet, femme de l’ex-président François Hollande, continue de s’envenimer. Tout a pris une tournure dramatique après la fuite, probablement intentionnelle, d’éléments de l’enquête sur le meurtre de Roland Murr, responsable du centre Kerm Al-Zaytun affilié aux Forces Libanaises. Cette fuite suggère que Roland Murr aurait été tué par un tir accidentel provenant d’un allié, et non par les jeunes affiliés à Sahnawi. Une accusation qui a immédiatement suscité une réponse musclée des Forces, dénonçant une “manipulation flagrante des faits” et une “ingérence dans l’enquête”.
La tension, qui couvait déjà, s’est propagée d’Achrafieh à Bourj Hammoud. L’événement déclencheur : deux membres des “Soldats du Dieu”, identifiés comme Paul et Peter J., auraient vandalisé des symboles et drapeaux des Forces. Cet acte a poussé des partisans des Forces à se rassembler en masse dans la région, alimentant un climat explosif malgré la présence renforcée des forces de sécurité.
Contexte du scandale et escalade
Pour rappel, le différend initial aurait pour origine un incident apparemment anodin : une altercation autour du stationnement d’une voiture. Un membre des Forces et un jeune affilié aux Soldats de Dieu auraient été impliqués, ce qui aurait dégénéré en une tentative de désarmer le membre des Forces. Rapidement, la situation s’est envenimée avec l’arrivée de renforts dépêchés par les Forces depuis Maarab, sous la supervision directe de Roland Murr, dans une tentative de récupérer l’arme. L’affrontement verbal a vite tourné à l’échange de coups de feu.
Le rapport médico-légal, consulté par des sources de presse, révèle que Roland Murr a été tué par une balle tirée depuis une distance d’au moins deux mètres, atteignant son épaule par l’arrière. Les analyses montrent que cette blessure fatale provenait d’un fusil d’assaut Kalachnikov. D’autres impacts, causés par un pistolet turc, ont été identifiés, mais ils n’étaient pas mortels.
Répercussions et enquête en cours
Les forces de sécurité ont imposé des interdictions de voyage contre plusieurs membres présumés des Soldats de Dieu, tandis que des plaintes ont été déposées par la famille de Roland Murr. Parmi les suspects figure un ami proche de la victime, ce qui jette une ombre de complexité sur l’affaire. Cet ami aurait initialement été appelé par les Soldats de Dieu pour négocier la récupération de l’arme, avant que l’affrontement ne dégénère.
Les témoignages recueillis et les premiers éléments de l’enquête soulignent une escalade rapide après l’arrivée des renforts des Forces, qui auraient croisé les membres du groupe d’Antoun Sehnaoui dans un face-à-face tendu.
Une rivalité politique qui s’exacerbe
Cet affrontement armé marque un point de rupture inédit entre les Forces Libanaises et le camp Antoun Sehnaoui. Les tensions entre le leader des Forces, Samir Geagea, et Antoun Sehnaoui, qui étaient autrefois alliés, sont devenues palpables depuis plusieurs années. Leur rupture politique s’était manifestée dès 2020, lorsque Jean Talouzian, proche de Sahnawi, avait quitté le bloc parlementaire des Forces Libanaises. En 2022, les Brigades d’Achrafieh, soutenues par Sehnaoui, avaient renforcé leur contrôle sur le terrain en formant un comité pour maintenir l’ordre dans le quartier.
Bien que certains cadres des deux camps restent proches, sur le terrain, la rivalité est alimentée par des questions de territoire, de pouvoir et de loyauté. Une partie des Soldats de Dieu est constituée d’anciens membres des Forces Libanaises qui auraient rejoint le camp Sahnawi, attirés par des opportunités d’emploi dans ses institutions sécuritaires.
Le conflit, bien qu’il ait pris une tournure sanglante, semble être le reflet d’une rivalité plus profonde : une lutte pour le contrôle politique et social d’Achrafieh et de ses environs. En attendant les conclusions de l’enquête officielle, l’affrontement reste un signal inquiétant de l’instabilité croissante dans cette région déjà sous tension…