Alors que le Liban vient de désigner son nouveau président en la personne de Joseph Aoun, après plus de deux ans de vacance de la présidence, le pays est de nouveau confronté à ses vieux démons. Ghassan Salamé, père de Léa Salamé, éminent politologue libanais était plébiscité pour devenir le ministre des Affaires étrangères, sa religion va très probablement l’empêcher d’exercer cette fonction, et ce dans l’indifférence générale.
Le refus de nommer Ghassan Salamé, personnalité reconnue et respectée, au poste de ministre des Affaires étrangères, au motif qu’il est catholique et non maronite, ravive les côté sombres du sytème politique et confessionnel au Liban. Dans ce pays où les fonctions publiques clés sont attribuées selon une répartition religieuse stricte, il est souvent considéré comme “normal” que certains postes soient réservés à des confessions spécifiques, ce qui perpétue un système profondément enraciné dans le pacte national libanais de 1943.
Selon ce pacte, les portefeuilles souverains sont traditionnellement répartis entre les principales communautés religieuses, telles que les maronites, les orthodoxes, les sunnites et les chiites. Cependant, la proposition d’un candidat catholique comme Salamé pourrait déclencher une crise, car elle impliquerait l’éviction d’une autre communauté, créant ainsi des tensions internes.
Mais outre ce système d’un autre âge, ce qui interpelle encore davantage, c’est que cette situation ne semble pas surprendre en dehors du Liban, y compris en France, où Ghassan Salamé jouit d’une grande réputation grâce à sa carrière d’universitaire et de diplomate. Ancien ministre de la Culture libanais et ex-représentant spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé a démontré ses compétences et sa neutralité dans des contextes complexes, ce qui rend encore plus paradoxale son exclusion pour des raisons confessionnelles.
À noter malgré tout que le ministère des Affaires étrangères relève généralement de la prérogative du Premier ministre, qui garde la possibilité de passer outre les « conventions ». Si elle est malheureusement improbable, la nomination de Ghassan Salamé au poste de ministre des Affaires étrangères ne reste pas totalement impossible, et serait pour le Liban un signe d’évolution, d’espoir et d’optimisme…