Aucun homme politique libanais de notre époque moderne n’a pris sa revanche dans le cadre constitutionnel et de manière démocratique comme l’a fait le chef du Courant Patriotique Libre (CPL), le député Gebran Bassil, face au duo chiite. Même l’ancien Premier ministre Rafic Hariri n’a pas réalisé une telle revanche lors des élections parlementaires. Bassil, qui a été politiquement affaibli par ses adversaires et trahi par certains alliés, a légitimement cherché à se venger pour deux raisons principales :
- Une perte de popularité et de cohésion : Bassil a subi un recul au sein de l’opinion publique libanaise et une érosion de la confiance au sein de son propre mouvement.
- Les sanctions américaines : Bien que controversées, ces sanctions ont été perçues comme injustes, étant donné qu’elles n’ont pas touché d’autres figures politiques pourtant impliquées dans des pratiques similaires.
Le poids des alliances et des déceptions
Dans une démarche surprenante, Bassil a choisi de soutenir la candidature de Nawaf Salam à la tête du gouvernement, une décision qui a suscité la colère du duo chiite mais ravi les partisans du CPL. Ce choix a également renforcé l’impression que l’ère du président Joseph Aoun pourrait être marquée par une rupture avec le passé et une recherche de succès institutionnel. Selon des sources proches du CPL, Bassil a également rétabli des liens avec le président Michel Aoun pour préparer la prochaine phase politique. La nomination de Salam est perçue comme un acte symbolique d’une volonté de tourner la page des divisions et d’avancer vers une gouvernance équilibrée et éloignée de la corruption.
Les relations tendues entre le CPL et le duo chiite, notamment le Hezbollah, trouvent leur origine dans des choix stratégiques. Alors que Michel Aoun avait tout mis en œuvre pour soutenir les armes du Hezbollah, les décisions du duo chiite ont souvent favorisé les intérêts internes du tandem au détriment des alliances. Malgré les déceptions, le CPL a refusé de s’opposer à la résistance ou de s’allier aux forces régionales contre le Hezbollah. Cependant, les priorités du duo chiite ont constamment penché en faveur des choix du président du Parlement, Nabih Berri.
Une vision pour l’avenir
En soutenant Nawaf Salam, Bassil espère rétablir des liens avec la communauté internationale et ouvrir la voie à une levée des sanctions qui pèsent sur lui. Cette décision marque également un rapprochement avec l’opposition libanaise, y compris le Parti des Forces Libanaises, pour établir une Troisième République basée sur la transparence et l’éradication de la corruption.
Malgré une offre ministérielle avantageuse de Najib Mikati, Bassil a choisi de rester fidèle à ses convictions et de privilégier une approche alignée sur les attentes des Libanais. Cette posture, en rupture avec les pratiques passées, montre une volonté de bâtir un Liban fondé sur des valeurs de développement, d’harmonie et de justice. Ainsi, cette initiative courageuse et stratégique de Gebran Bassil révèle un engagement renouvelé envers les intérêts nationaux et les aspirations du peuple libanais.
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