L’ex numéro 2 de LR, Aurélien Pradié propose un gouvernement de « bâtisseurs » pour un nouveau départ

01 septembre, 2024 / Entrevue

Aurélien Pradié, député du Lot, a réitéré son plaidoyer pour un « gouvernement de reconstruction » capable de rassembler des personnalités de droite et de gauche. Cette position, qu’il avait déjà défendue après les élections législatives, est pour lui la seule voie possible dans un contexte politique où aucune majorité absolue n’a émergé à l’Assemblée nationale. Pradié estime que la situation actuelle exige bien plus qu’une simple manœuvre arithmétique ; elle appelle à un sursaut national qui transcende les clivages partisans traditionnels. L’ex numéro 2 de LR qui s’est émancipé de sa famille politique et qui siège désormais parmi les députés non inscrits a accordé une interview à la Tribune Dimanche

Selon Pradié, le rôle d’un exécutif ne doit pas se limiter à éviter les motions de censure, mais doit surtout viser à améliorer la vie des Français. Il considère que les élections législatives, marquées par une participation exceptionnelle, traduisent une demande forte pour un gouvernement capable de porter un espoir renouvelé. Pour lui, la France se trouve dans une situation comparable à celle de l’après-guerre, nécessitant un effort de reconstruction nationale sur les plans politique, économique, et social.

Pradié critique sévèrement les stratégies des partis politiques qui, selon lui, se complaisent dans un jeu de rôle stérile, privilégiant les ambitions présidentielles à court terme plutôt que l’intérêt supérieur du pays. Il appelle à une union des patriotes de droite et de gauche, des femmes et des hommes capables de s’émanciper des logiques partisanes pour travailler ensemble au service de la nation. Cette union, précise-t-il, doit être fondée sur deux principes essentiels : le rétablissement de l’ordre et de la justice sociale.

Pour Pradié, la souveraineté nationale doit être restaurée dans plusieurs domaines clés. Sur le plan sécuritaire, il plaide pour une réforme de la justice des mineurs, qu’il considère comme centrale. Il défend également la souveraineté énergétique de la France, en réaffirmant l’importance du nucléaire, et insiste sur la nécessité de rétablir l’équilibre des finances publiques à travers un plan budgétaire à long terme. Ce plan devrait préserver les secteurs régaliens, l’éducation, et les services publics, tout en éliminant les dépenses qu’il juge artificielles. En matière économique, Pradié appelle à un effort de réindustrialisation fondé sur une attractivité fiscale renforcée, et souligne l’importance de garantir la souveraineté alimentaire de la France.

Sur la question de la réforme des retraites, Pradié reconnaît que la réforme de 2023 est désormais en vigueur, mais il propose de rouvrir le débat pour aborder spécifiquement les carrières longues. Il prône une approche qui permettrait aux travailleurs ayant commencé leur carrière tôt, souvent dans des métiers pénibles, de partir à la retraite plus tôt, tout en rouvrant la discussion sur une réforme à points, interrompue en 2020. Il considère ce chantier comme essentiel pour la stabilité du futur gouvernement.

Concernant l’immigration, Pradié appelle la droite républicaine à sortir des postures idéologiques. Il affirme que la France a besoin d’une immigration liée au travail, qu’il voit comme un vecteur d’intégration à condition que les migrants respectent les valeurs républicaines. Il estime également qu’une partie de la gauche est prête à reconnaître la nécessité de contrôler les flux migratoires.

Pradié se montre sceptique quant à l’introduction du scrutin proportionnel, estimant qu’il renforcerait les appareils politiques sans améliorer la représentativité démocratique. Pour lui, le moment exige des personnalités libres plutôt que des calculs partisans, et il qualifie la proportionnelle de « fausse bonne idée ».

Enfin, Pradié évoque la nécessité d’un Premier ministre capable de diriger une équipe déterminée et indépendante, composée de personnalités fortes et expérimentées. Il insiste sur le fait que le gouvernement doit être profondément politique, étant donné la gravité des enjeux actuels. Il se dit prêt à s’engager dans cette aventure, en dehors des cadres partisans traditionnels, pour contribuer à l’avenir du pays. Après avoir pris ses distances avec Laurent Wauquiez en juillet, Pradié affirme préférer l’incertitude de l’aventure à la sécurité des « écuries » politiques, convaincu que c’est hors des sentiers battus que l’avenir de la France se jouera.