Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a lancé un appel à la vérité budgétaire lors de la présentation des prévisions économiques de la France pour 2024-2026. Alors que l’économie française montre des signes de résilience avec une croissance prévue à 1,1 % pour 2024, le gouverneur a mis en garde contre l’impact de l’incertitude politique et la dégradation des finances publiques. Selon lui, il est urgent de trouver 100 milliards d’euros en cinq ans pour stabiliser la dette, notamment en réduisant les dépenses et en envisageant des hausses d’impôts.
La Banque de France prévoit une croissance économique légèrement supérieure aux estimations initiales pour 2024, passant de 0,8 % à 1,1 %. Ce léger mieux est en partie dû à la révision à la hausse des chiffres de 2023 et au commerce extérieur. Toutefois, Villeroy de Galhau reste prudent, notant que la reprise économique est freinée par l’attentisme des ménages et des entreprises face aux incertitudes politiques et internationales.
Des finances publiques préoccupantes
Si l’inflation ralentit, offrant une bouffée d’air aux consommateurs, les finances publiques restent sous pression. Le déficit public dépasse largement les 3 % du PIB, un niveau que le gouvernement sortant souhaite atteindre d’ici 2027. Cependant, le gouverneur estime qu’un tel objectif en seulement trois ans serait irréaliste et risquerait de freiner la croissance. Il recommande plutôt un plan sur cinq ans, tout en évoquant la nécessité de lever « le tabou sur les hausses d’impôts », principalement pour les grandes entreprises et les contribuables les plus aisés.
L’inflation, qui atteignait 5,7 % en 2023, devrait baisser à 2,5 % en 2024 et 1,5 % en 2025, notamment grâce à la réduction des prix régulés de l’électricité. Ce ralentissement de l’inflation devrait renforcer le pouvoir d’achat des ménages et relancer la consommation, traditionnel moteur de la croissance en France. En revanche, un léger rebond est prévu en 2026, à 1,7 %, mais cela resterait sous la cible de 2 % fixée par la Banque centrale européenne.
L’ambition de la France d’atteindre le plein-emploi reste en suspens. Bien que le taux de chômage soit en légère hausse, atteignant 7,5 % en 2024, il devrait commencer à baisser à partir de 2026. Selon Villeroy de Galhau, la clé du plein-emploi réside dans une meilleure formation des travailleurs et une adaptation des compétences aux besoins des entreprises, tout en poursuivant les réformes de l’éducation et de la formation professionnelle.
Vers des hausses d’impôts ciblées ?
Alors que le Premier ministre Michel Barnier envisage une révision de la fiscalité, la perspective d’une augmentation des impôts fait débat. François Villeroy de Galhau se montre favorable à un « effort exceptionnel et raisonnable » des grandes entreprises et des contribuables les plus aisés, tant que la France ne sera pas revenue sous les 3 % de déficit. Il insiste toutefois sur la nécessité d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques, tout en freinant leur croissance plutôt que de les réduire drastiquement.
Le gouverneur de la Banque de France appelle à un dialogue sincère sur la situation budgétaire du pays, en prônant une approche équilibrée entre réduction des dépenses et hausses d’impôts. Il s’agit, selon lui, d’une étape nécessaire pour garantir la stabilité économique et budgétaire à long terme, tout en évitant de freiner la croissance.