Les ministres européens de l’Industrie se réuniront jeudi à Paris pour discuter des conséquences de la hausse de 25 % des droits de douane sur l’acier imposée par l’administration Trump. Cette mesure, qui frappe durement le secteur sidérurgique européen, intervient alors que l’industrie fait déjà face à une surproduction chinoise et à des coûts énergétiques élevés. La crise est telle que plusieurs milliers d’emplois ont déjà été supprimés en 2024, notamment chez le géant allemand Thyssenkrupp et chez ArcelorMittal, qui a suspendu un projet majeur à Dunkerque.
Sous l’impulsion du ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, et de son homologue italien Adolfo Urso, la réunion rassemblera une quinzaine de pays européens, dont la Pologne, l’Espagne, la Slovaquie ou encore la Suède. L’objectif est de trouver des solutions pour maintenir la production d’acier en Europe et protéger un secteur qui emploie plus de 300 000 personnes. L’Union européenne, qui qualifie les taxes américaines d’« illégales et contre-productives », souhaite également renforcer ses outils de défense commerciale face à ces nouvelles barrières douanières.
Les industriels alertent sur la nécessité de mesures rapides pour éviter de nouvelles fermetures de sites. Eurofer, l’organisme regroupant les producteurs d’acier européens, réclame notamment un renforcement des mesures antidumping contre l’acier chinois et une amélioration de la taxe carbone aux frontières pour éviter les distorsions de concurrence. Par ailleurs, la baisse attendue de la consommation d’acier en 2025 et 2026 assombrit encore les perspectives du secteur.
À l’issue de cette réunion, une déclaration commune devrait être adoptée, avec des propositions concrètes pour soutenir la sidérurgie européenne. Cette initiative s’inscrit également dans un contexte diplomatique tendu, alors qu’Emmanuel Macron a tenté lundi, lors de sa visite à Washington, de convaincre Donald Trump de ne pas inclure l’Europe dans sa guerre commerciale. Toutefois, l’administration américaine semble déterminée à poursuivre sa politique protectionniste, laissant l’UE face à un défi majeur pour préserver son industrie sidérurgique.