L’État de droit en question : Réactions de Braun-Pivet face aux propos de Retailleau

30 septembre, 2024 / Entrevue

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a suscité une vive réaction en déclarant que « l’État de droit n’est pas intangible ni sacré ». Ses propos ont choqué de nombreux acteurs politiques, notamment la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui s’est dite « assez inquiète » lors d’une intervention sur France 2. Elle a rappelé que « l’État de droit protège notre démocratie » et qu’il est essentiel de ne pas le remettre en cause, surtout en période de crise.

Retailleau, qui se positionne sur une ligne de fermeté en matière de sécurité et d’immigration, a soutenu que la source de l’État de droit réside dans la démocratie et le peuple souverain. Selon lui, « quand les règles sont défaillantes, il faut les changer ». Cependant, Braun-Pivet a contre-argumenté, affirmant qu’il n’est « vraiment pas le moment de tout chambouler » et que la protection de l’État de droit est primordiale dans des contextes tendus.

Les propos du ministre s’inscrivent dans un climat tendu marqué par le meurtre tragique de Philippine, une jeune femme de 19 ans, dont le principal suspect est un ressortissant marocain déjà sous une obligation de quitter le territoire français. Cette situation a exacerbé les tensions autour des questions d’immigration et de sécurité, et a été évoquée par Braun-Pivet pour souligner l’importance de l’État de droit dans la protection des citoyens.

Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, a également critiqué les déclarations de Retailleau, les qualifiant de « clivantes » et affirmant que « l’État de droit est quelque chose de sacré ». Elle a appelé à la retenue pour éviter de crispations dans le pays. D’autres voix, comme celles du député du MoDem, Erwan Balanant, ont insisté sur le fait que « la démocratie est constitutive de l’État de droit », mettant en garde contre les dérives potentielles vers le populisme si l’État de droit est affaibli.

Face à ces controverses, les tensions au sein du gouvernement et entre les différentes factions politiques se sont intensifiées, mettant en lumière des visions divergentes sur la manière d’aborder les défis actuels liés à la sécurité et à la justice. Le ministre Retailleau devra sans doute naviguer habilement dans ce contexte délicat pour maintenir l’unité au sein du gouvernement tout en répondant aux préoccupations croissantes de ses homologues.