Les Serbes de Bosnie menacent de paralyser les institutions centrales, Washington et Bruxelles condamnent

Entrevue 1

Les tensions montent en Bosnie-Herzégovine. Les autorités serbes de la Republika Srpska (RS) ont annoncé des mesures visant à entraver le fonctionnement des institutions centrales de ce pays, en réponse au procès engagé contre leur leader, Milorad Dodik. Ce dernier est jugé pour avoir rejeté l’autorité du Haut représentant international, chargé de superviser l’application de l’accord de paix de Dayton.

Dans la nuit de mardi à mercredi, le Parlement de la Republika Srpska a adopté une série de résolutions qualifiées de « conclusions », appelant ses représentants au sein des institutions centrales de Bosnie à suspendre toute participation aux décisions liées au rapprochement avec l’Union européenne. Selon les parlementaires, le procès de Milorad Dodik constitue une manœuvre politique ciblée.

Milorad Dodik, président de la RS, est jugé depuis le début de l’année pour avoir défié les décisions du Haut représentant international, actuellement incarné par le diplomate allemand Christian Schmidt. Ce dernier exerce une autorité centrale en Bosnie depuis l’accord de paix de Dayton, signé en 1995 pour mettre fin au conflit.

Le chef politique serbe, proche du Kremlin, fait également face à des sanctions américaines et britanniques pour ses actions séparatistes et des soupçons de corruption. Alors qu’il devait se présenter mercredi devant la Cour d’État à Sarajevo, son audience a été reportée au 30 décembre, en raison de son état de santé après une opération subie le 9 décembre à Belgrade.

Selon son avocat, les médecins lui ont prescrit trois mois de repos. Malgré cela, le Parlement de la RS a appelé Milorad Dodik à ignorer les convocations judiciaires.

Réactions internationales

Les mesures adoptées par le Parlement de la RS ont suscité de vives critiques de la part des ambassades occidentales. Dans un communiqué conjoint, les États-Unis, l’Union européenne, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont dénoncé une menace grave contre l’ordre constitutionnel du pays.

« Ces conclusions sont contraires à l’accord de Dayton et sapent l’autorité des institutions judiciaires centrales ainsi que le chemin euro-atlantique de la Bosnie », souligne le texte.

Le ministre de l’Intérieur de la RS, Sinisa Karan, a pour sa part dénoncé une instrumentalisation de la justice. « Ce procès décidera si la Bosnie a une chance de survivre », a-t-il affirmé.

Une crise politique profonde

Ce nouvel épisode de crise illustre les divisions persistantes en Bosnie, entre une Republika Srpska tentée par une sécession et les efforts internationaux pour maintenir l’unité et la stabilité du pays. Les chancelleries occidentales ont réitéré leur soutien à « la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et le caractère multiethnique » de la Bosnie.

Alors que la situation reste tendue, les regards se tournent vers Sarajevo, où le procès de Milorad Dodik pourrait marquer un tournant décisif pour l’avenir de la Bosnie-Herzégovine.

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