Ce mardi 19 novembre, les Restos du cœur, fondés en 1985 par Coluche, inaugurent leur 40e campagne de distribution alimentaire. Après avoir traversé une crise financière préoccupante, l’association a retrouvé un équilibre économique, grâce à une mobilisation exceptionnelle des Français.
Priorité aux plus vulnérables
Pour cette nouvelle campagne, les Restos du cœur mettent l’accent sur les publics les plus fragiles. L’association a annoncé qu’elle privilégiera les familles monoparentales et les enfants de moins de trois ans. Ces deux catégories représentent une part importante de leurs bénéficiaires : un quart des personnes aidées sont des familles monoparentales.
Depuis sa création, l’association a vu son public évoluer et se diversifier, notamment avec une augmentation significative des familles en situation de précarité.
Pour marquer le début de cette nouvelle campagne, Patrice Douret, président de l’association, a accueilli ce matin le Premier ministre Michel Barnier et le ministre des Solidarités Paul Christophe sous un chapiteau éphémère à Gennevilliers, lieu symbolique rappelant la toute première campagne des Restos du cœur.
Une crise financière surmontée grâce à la solidarité
L’année 2023 a été marquée par une situation financière critique pour l’association, exacerbée par l’inflation. La hausse des coûts de l’énergie et des produits alimentaires a contraint les Restos à doubler leur budget d’achat alimentaire, dépassant les 110 millions d’euros. Pour la première fois, l’association a dû réduire le seuil de revenus permettant l’accès à l’aide alimentaire, excluant ainsi 110.000 personnes. Malgré cela, elle a accueilli 1,3 million de bénéficiaires et distribué 163 millions de repas.
Face à cette crise, l’appel exceptionnel aux dons lancé par l’association a été entendu. Les Français ont contribué à hauteur de 32 millions d’euros, avec des dons marquants, notamment 10 millions d’euros offerts par la famille de Bernard Arnault et 8 millions supplémentaires apportés par l’État. Ces contributions, combinées au soutien habituel des pouvoirs publics, ont permis aux Restos de dégager un excédent de 22 millions d’euros pour la campagne 2023-2024, contre un déficit initialement estimé à 35 millions.
L’urgence de l’action des Restos du cœur reste cependant évidente. En France, plus de neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1.216 euros par mois, selon les données de l’Insee pour 2022. Cela représente 14,4% de la population.
Des perspectives prudentes
Bien que la situation financière de l’association soit stabilisée, Patrice Douret reste vigilant. « Nous pouvons rouvrir certains volets de nos actions sociales, mais sans retrouver le niveau d’activité de 2022 », a-t-il expliqué. L’association prévoit de maintenir des mesures prudentes pour se prémunir contre une éventuelle nouvelle crise.
Les Restos du cœur, qui assurent 35% de l’aide alimentaire en France, débutent cette 40e campagne avec détermination, poursuivant leur mission essentielle : combattre la précarité et redonner de l’espoir à ceux qui en ont le plus besoin.