Les portraits de Gisèle Pélicot par LaDame Quicolle envahissent les murs de Lille

20 octobre, 2024 / Alice Leroy

Depuis 2021, l’artiste LaDame Quicolle parcourt les rues de Lille avec une mission : redonner la parole aux femmes victimes de violences à travers des portraits qu’elle colle sur les murs de la ville. Son dernier sujet, Gisèle Pélicot, est devenu une figure emblématique après avoir témoigné publiquement lors du procès des viols de Mazan. Cette série de collages, intitulée Les gardiennes de rue, attire l’attention et pousse les passants à réfléchir sur la place des femmes dans l’espace public.

Gisèle Pélicot, qui apparaît en pleine marche, lunettes de soleil rondes et cape bleue, est le 22e portrait de cette série. Droguée et violée par son mari et d’autres hommes durant dix ans, elle a décidé de faire entendre sa voix. Bien que LaDame Quicolle n’ait pas rencontré Gisèle en personne, elle a capturé son essence à travers ses déclarations publiques, donnant naissance à une œuvre qui incarne la résilience et la force. « Elle a ouvert son histoire au public, et cela m’a permis de m’imprégner de son sujet », explique l’artiste.

La démarche de LaDame Quicolle est profondément féministe. Victime elle-même d’un viol à 19 ans, elle utilise l’art pour briser le silence entourant les violences faites aux femmes. Ses portraits, collés en pleine rue, représentent des femmes ordinaires devenues « gardiennes » de l’espace public, des figures qui dérangent, interpellent et fédèrent. « Ces femmes continuent à vivre malgré tout, et elles se réapproprient la ville », affirme-t-elle, faisant de chaque mur une tribune contre l’invisibilisation des violences.