« Les Météores » : Chronique d’une fin du monde
Sorti en octobre, Les Météores – Histoires de ceux qui ne font que passer de Jean-Christophe Deveney et Tommy Redolfi nous plonge dans une atmosphère de fin du monde particulière. Ce roman graphique raconte la vie d’individus ordinaires face à une menace imminente : une météorite fonçant vers la Terre. Cependant, il ne s’agit pas ici d’un récit d’action ou de lutte héroïque pour la survie ; l’album privilégie un récit choral où la météorite devient davantage un prétexte pour explorer les failles, les douleurs et les hésitations de personnages divers. Les trajectoires s’entrecroisent dans des lieux symboliques et intimistes : un grand magasin, un diner américain ou des paysages enneigés qui absorbent tout éclat, rendant le récit doucement mélancolique.
Si la menace de la météorite plane constamment, la vie continue presque normalement, rappelant des défis actuels comme le dérèglement climatique qui, malgré son urgence, laisse la plupart des gens concentrés sur les préoccupations quotidiennes. Les résolutions des différents conflits manquent parfois de profondeur : les personnages changent dès que leurs dilemmes s’intensifient, offrant des scènes qui se succèdent sans un véritable développement.
Côté visuel, le dessin de Redolfi crée une ambiance unique. Minimaliste, il joue sur les contrastes, offrant peu de détails mais beaucoup de présence. Le style graphique privilégie les masses et les compositions, avec une utilisation limitée de couleurs, créant des moments marquants, notamment dans la représentation des traces dans la neige. Ce choix d’esthétique confère une certaine poésie au récit et fait ressortir la beauté de certains instants, bien que les personnages soient parfois difficiles à distinguer les uns des autres. Au final, Les Météores propose une vision douce-amère d’un monde au bord de l’effondrement.