La mobilisation ne faiblit pas en Géorgie. Pour la quinzième nuit consécutive, des milliers de manifestants pro-européens ont convergé jeudi soir vers le Parlement à Tbilissi, défiant le froid et le vent. Agitant des drapeaux de l’Union européenne et de leur pays, les protestataires dénoncent le report des négociations d’adhésion à l’UE, repoussées par le gouvernement géorgien à 2028.
Une crise politique profonde
Le climat politique reste tendu dans ce pays du Caucase depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien. Ces élections sont contestées par l’opposition, qui dénonce des fraudes massives. Le gouvernement est également accusé d’avoir tourné le dos à l’intégration européenne, suscitant la colère de nombreux citoyens.
« Nous ne laisserons pas une poignée de laquais russes voler notre avenir européen », a lancé Roussiko Dolidzé, 42 ans, l’un des manifestants présents jeudi soir. Pour lui, la lutte ne s’arrêtera pas tant que le parti au pouvoir n’aura pas quitté la scène politique.
Des rassemblements similaires ont été signalés dans d’autres villes comme Batoumi, Koutaïssi et Zougdidi, témoignant d’une mobilisation nationale contre le gouvernement.
La situation pourrait se durcir ce samedi, avec l’élection à la présidence de Mikheïl Kavelachvili, un ancien footballeur proche du Rêve géorgien et connu pour ses positions d’extrême droite. Le scrutin, organisé par un collège électoral dominé par le parti au pouvoir et boycotté par l’opposition, suscite une forte contestation. Une manifestation est d’ores et déjà prévue devant le Parlement pour protester contre cette nomination.
La présidente sortante, Salomé Zourabichvili, qui soutient ouvertement les manifestants et critique le gouvernement, a annoncé qu’elle refuserait de quitter son poste avant l’organisation de nouvelles élections législatives. « Qu’ils essaient de chasser Salomé du palais présidentiel, nous nous lèverons tous pour la défendre », a assuré Otar Tournava, 23 ans, un autre manifestant.
Des répressions violentes
Depuis le début des manifestations, la police a à plusieurs reprises utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les foules. Des centaines de manifestants et plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtés. Malgré cette répression, la mobilisation reste forte, alimentée par l’espoir d’un avenir européen.
Alors que le bras de fer entre gouvernement et opposition se poursuit, l’issue de cette crise pourrait bien réorienter l’avenir politique de la Géorgie et ses ambitions sur la scène internationale.