Ce jeudi 20 juin, les organisations patronales auditionnent les représentants des différents partis dans le cadre des élections législatives.
Durant 3 heures et demi, 5 formations politiques sont invitées à débattre au cœur du VIIIe arrondissement de Paris, Salle Gaveau :
8h45-9h30 : Edouard Philippe (HOR)
9h30-10h15 : Éric Coquerel et Boris Vallaud (NFP)
10h30-11h15 : Jordan Bardella (RN) et Éric Ciotti (LR)
11h15-12h : Bruno Le Maire (majorité présidentielle)
12h-12h45 : Bruno Retailleau (ex-LR)
Quelques heures plus tôt, le patron du Medef, Patrick Martin, s’est positionné ouvertement contre le Rassemblement national et le Nouveau Front Populaire dans un article au Figaro :
« Les programmes du RN et du Nouveau Front Populaire sont dangereux pour l’économie ».
Ces critiques n’ont pas refroidi le président du parti favori des Français puisqu’il s’est prêté au jeu, 45 minutes durant, avec son nouvel allié Éric Ciotti. Au programme, 15 minutes de questions-réponses avec la journaliste Hedwige Chevrillon, quelques questions posées par les patrons présents dans la salle et 2 minutes de conclusion.
« Les extrêmes font peur » a commencé d’emblée la journaliste, « que pouvez vous dire à ces patrons pour les rassurer ? »
« La situation économique du pays et la déraison budgétaire font peser un risque de décrochage économique. Ce record du déficit public et commercial impose d’abord de l’humilité pour ceux qui en sont comptables et de la responsabilité ceux qui vont en succéder » répond Jordan Bardella.
Il déroule alors sa feuille de route s’il accède à Matignon :
Choc de compétitivité par la baisse des factures énergétiques avec la renégociation des règles du marché européen de l’énergie ; choc de simplification par des états généraux organisés dès l’automne, avec une stratégie tricolore demandée aux chefs d’entreprises : normes vertes (vertueuses), oranges (de bon sens mais nécessitant des ajustements) et rouges (celles qui pèsent sur leur activité).
Sur l’immigration, le couple Bardella-Ciotti a tenu à préciser leur vision commune :
« On ne peut pas justifier une immigration supplémentaire par une faiblesse dans les métiers en tension. C’est une fausse solution. Il y a le qualitatif et le quantitatif : un médecin étranger spécialisé oui, une main d’œuvre de masse en restauration ou dans le BTP non. On doit avoir des solutions nationales, comme une meilleure rémunération et attractivité. » (Éric Ciotti)
« On ne peut pas réduire les 500 000 migrants réguliers annuels aux 40 000 titres accordés au travail. L’immigration de croissance oui, mais pas de régularisation d’étrangers en situation irrégulière. C’est un principe sans fin d’appel d’air. L’afflux est tel qu’ aujourd’hui l’immigration n’est plus une simple variable économique mais sociétale, culturelle et parfois cultuelle. » (Jordan Bardella)
A l’issue de cet échange, place à Bruno Le Maire qui alerte aussitôt sur l’audition précédente :
« Ne cédez pas aux sirènes du Rassemblement national. La politique c’est pas Tik Tok. On est peut-être moins glamour mais plus efficace. Si vous avez compris quoi que ce soit à ce qu’à dit ce couple improbable [Ciotti-Bardella] dites le moi, car moi j’ai rien compris ».
Si le patron du Medef affirme que le projet économique du Rassemblement national est « dangereux », 40% des patrons ont pourtant voté pour le Rassemblement national aux dernières élections européennes selon les sondages.
Marie Falicon