Le groupe de Marine Le Pen, fervent défenseur d’une représentation équilibrée de toutes les forces politiques à l’Assemblée nationale, avait annoncé son intention de voter pour les candidats de gauche, de la majorité et de la droite nationale. Cependant, l’élection des vice-présidents de l’Assemblée n’a pas été favorable à la droite nationale. Au terme des deux tours de scrutin, six vice-présidents ont été élus, dont deux membres de la France insoumise, mais aucun du Rassemblement national. Le groupe de Marine Le Pen n’a obtenu aucun poste de questeur ni de secrétaire parmi les douze disponibles.
Quatre des six vice-présidents ont été élus dès le premier tour : Nadège Abomangoli et Clémence Guetté de La France insoumise, Naïma Moutchou d’Horizons, et Xavier Breton de La Droite républicaine. Au second tour, Roland Lescure, ministre démissionnaire de l’Industrie, et Annie Genevard des Républicains ont été élus.
Une surprise de taille a eu lieu vers 4 heures du matin : le Nouveau Front populaire a réussi à décrocher neuf des douze postes de secrétaires, assurant ainsi une majorité au sein du bureau de l’Assemblée, chargé notamment de décider des sanctions contre les députés. Les présidences des commissions, dont la stratégique commission des Finances, seront attribuées à partir de 10 heures ce samedi.
Malgré leurs efforts, Marine Le Pen et ses alliés n’ont pas réussi à faire élire leurs deux vice-présidents sortants, Sébastien Chenu et Hélène Laporte. Le groupe RN avait pourtant voté pour des vice-présidents représentant fidèlement le poids politique des différents groupes élus par les Français, selon les dires de Marine Le Pen. Elle a critiqué les autres groupes pour ce qu’elle appelle des « magouilles et achats de postes » et a affirmé que son groupe maintiendrait une ligne de conduite honnête et respectueuse des règles de l’Assemblée.
La défaite a été durement ressentie par les membres du Rassemblement national. Sébastien Chenu a dénoncé un « mépris » envers les 11 millions d’électeurs de la droite nationale. Julien Odoul a parlé d’une « escroquerie » et d’une « démocratie malade » qui met de côté le peuple. Laurent Jacobelli a qualifié l’absence de représentation de son groupe dans les instances de l’Assemblée d’insulte à la démocratie.
Du côté de la gauche, on s’est efforcé de décrypter ce que Benjamin Lucas a qualifié de « coup tactique » du RN, visant à masquer leur défaite inévitable et à suggérer des arrangements potentiels. Dans l’hémicycle, les échanges ont été tendus, Gérald Darmanin soulignant le soutien inattendu du RN à La France insoumise, tandis que Mathilde Panot a rappelé que les macronistes avaient voté en 2022 pour élire des vice-présidents RN.
Ainsi, cette journée de votes et d’élections a mis en lumière les tensions et les stratégies politiques qui animent l’Assemblée nationale, laissant le Rassemblement national sans postes clés malgré leurs efforts pour jouer le jeu de la représentation proportionnelle.