Anne Genetet, nommée ministre de l’Éducation nationale le 21 septembre 2024, fait ses premiers pas dans un climat complexe. Inconnue du grand public et sans expérience préalable dans le domaine éducatif, l’ancienne députée macroniste spécialisée dans les questions de défense navigue prudemment dans un ministère en crise, marqué par une instabilité notable, avec quatre ministres depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022.
Premiers faux pas et déclarations controversées
Le démarrage de Genetet au ministère est émaillé de maladresses qui ont suscité des critiques vives. Lors de sa première interview sur RTL, elle a provoqué la confusion en annonçant un « temps de recueillement » le 7 octobre, date coïncidant avec l’anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël. Le ministère a dû rectifier en précisant qu’il s’agissait en réalité de la commémoration des enseignants Dominique Bernard et Samuel Paty, prévue pour le lundi suivant. Cette erreur a été largement commentée, la secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay, la qualifiant de « plus qu’une boulette » et témoignant d’une méconnaissance des dossiers.
Anne Genetet a effectué sa première visite de terrain au collège Gabriel-Havez de Creil, un lieu symbolique de l’histoire de la laïcité à l’école. Si elle a évité de répéter les erreurs de communication de ses prédécesseurs, ses choix et ses initiatives sont perçus comme déconnectés des réalités éducatives. Par exemple, l’invitation adressée au TikTokeur SenseidesMots, initiateur d’une pétition sur les rythmes scolaires, a suscité la polémique. Après la découverte d’anciens propos homophobes de ce dernier, l’invitation a été annulée, renforçant l’image d’une ministre essayant de se rapprocher du « buzz » pour corriger son image.
Vers une politique de stabilité
Face aux critiques, Genetet a affirmé son intention de maintenir le cap fixé par ses prédécesseurs, promettant stabilité et apaisement. « Je ne serai pas la ministre du ‘big bang’ », a-t-elle déclaré, exprimant son souhait de poursuivre les réformes déjà engagées, notamment celle de la formation initiale des enseignants, interrompue sous le gouvernement précédent.
Cependant, des voix s’élèvent pour douter de son indépendance et de sa capacité à gérer les enjeux de l’éducation. Sophie Vénétitay a suggéré que Genetet était « sous tutelle », poursuivant une politique dictée par le président Macron et le ministre précédent, Gabriel Attal.
Pour beaucoup d’observateurs, Genetet marche sur des œufs. Les enseignants et les syndicats, déjà échaudés par une succession rapide de ministres, restent sceptiques. « Hors sol », « décalée », « elle ne maîtrise pas ses dossiers » : les critiques sont acerbes. Le manque de confiance des professionnels de l’éducation s’exprime aussi par des déclarations ironiques, certains regrettant déjà l’ancienne ministre Amélie Oudéa-Castéra.
Désireuse de montrer qu’elle est à l’écoute, Genetet devra surmonter ces premiers faux pas pour convaincre un monde éducatif en attente de stabilité et de réponses concrètes à ses préoccupations, notamment la pénurie chronique d’enseignants. En poste depuis peu, la nouvelle ministre doit déjà prouver qu’elle est capable de surmonter les défis de son mandat, en espérant éviter d’autres bourdes qui pourraient fragiliser davantage sa position.