L’Opéra de Paris se réinvente avec José Martinez, à la tête du ballet et de ses 154 danseurs (dont 16 étoiles) depuis janvier dernier. L’ancien danseur étoile de la compagnie et ex-directeur de la Compagnie nationale de danse espagnole, combine rigueur et écoute attentive pour maintenir l’excellence au sein de cette institution renommée. « À l’Opéra, la fonction de directeur de la danse implique aujourd’hui de gérer autant l’aspect artistique que le volet humain », confie-t-il dans une interview pour Le Point le 4 novembre 2024. Martinez, qui consacre plus de la moitié de son temps au suivi des danseurs, travaille avec une équipe de maîtres de ballet, un pôle santé et même un psychologue pour accompagner chacun.
L’une de ses initiatives majeures est la création du Junior Ballet, conçu comme un « pont » entre l’école de danse et le ballet professionnel. Martinez explique à Numéro que ce programme offre aux jeunes artistes « un cadre formateur et des tournées, les aidant à s’adapter progressivement au monde professionnel ». L’objectif est de permettre aux jeunes danseurs de développer leur potentiel tout en restant encadrés. Martinez soutient également que ce dispositif offre une chance de « diversification des profils » au sein de l’Opéra, tout en répondant aux défis liés à la modernisation de l’institution.
En matière de distribution des rôles, Martinez préconise un dialogue direct avec les danseurs. Dans son entretien pour Le Point, il évoque une conversation récente avec une soliste qui n’avait pas été retenue pour le ballet Paquita : « Avant, une telle discussion n’aurait même pas eu lieu. Aujourd’hui, il est essentiel de comprendre les aspirations des danseurs et de leur offrir des perspectives pour toute la saison. » Martinez reconnaît le besoin d’égalité et de transparence, tout en préservant les exigences artistiques. Par ailleurs, il encourage les auditions, même pour les danseurs étoiles, afin de promouvoir une vision collaborative où « le désir doit fonctionner des deux côtés ».
La programmation, composée de ballets classiques et contemporains, reste un point d’équilibre pour Martinez. Il estime que « chacun doit toujours avoir un projet, qu’il s’agisse d’un nouveau ballet ou d’une reprise », pour maintenir un ballet heureux et motivé. Ainsi, la première saison du directeur de la danse inclut des œuvres de Noureïev, Cranko, MacMillan, et une collaboration avec des chorégraphes contemporains comme Sharon Eyal, qui devrait adapter sa pièce OCD Love sur pointes.
Martinez, par ailleurs, mise sur une gestion financière modérée, inspirée de son expérience à Madrid, en réutilisant le vaste répertoire de l’Opéra pour limiter les coûts sans sacrifier l’aspect artistique. Le dixième anniversaire du gala annuel de l’Opéra marque également une nouvelle ère de mécénat renforcée par Chanel et Rolex, avec des événements en ligne même durant le confinement. Martinez se félicite de voir cet événement de mécénat « attendu chaque année par les danseurs, le public et les mécènes ». Au final, entre écoute, innovation et passion, José Martinez apporte à l’Opéra de Paris une vision renouvelée, où l’art se conjugue harmonieusement avec les exigences de notre époque.