Sur la scène du Petit Montparnasse, Les Collectionnistes, pièce de François Barluet mise en scène par Christophe Lidon, redonne vie à Paul Durand-Ruel, marchand d’art aussi méconnu qu’essentiel. Interprété par Christophe de Mareuil, ce pionnier s’est battu contre vents et critiques pour soutenir Monet, Renoir, Degas ou encore Pissarro, alors rejetés par l’académisme de leur temps.
La pièce retrace son parcours à partir de 1870, année de sa rencontre avec Claude Monet à Londres. De retour à Paris, Durand-Ruel découvre toute une génération d’artistes en rupture avec leur époque. Il parie sur eux, allant jusqu’à acheter des centaines de toiles au point de risquer la faillite. Ce combat solitaire est raconté avec humour et vivacité, notamment à travers le personnage de Jeanne, son épouse (jouée avec malice par Christelle Reboul), tiraillée entre scepticisme conjugal et soutien indéfectible.
La mise en scène élégante et rythmée donne corps à une véritable comédie impressionniste, ponctuée de projections d’œuvres qui prolongent la narration. Si l’on rit des dialogues, on retient aussi la portée historique du récit : celui d’un homme qui a rendu possible l’essor d’un courant artistique majeur, à une époque où personne ne misait sur lui.
À travers une reconstitution vive et élégante, Les Collectionnistes éclaire un pan méconnu de l’histoire de l’art : le rôle central des galeristes dans la reconnaissance des courants artistiques. Comme le rappelle le metteur en scène dans le dossier de présentation, sans l’audace de Durand-Ruel, « l’impressionnisme n’aurait peut-être jamais existé comme nous le connaissons ». Un spectacle à la fois instructif et émouvant, à voir jusqu’au 15 juin.