Législatives : Yaël Braun-Pivet joue son avenir politique dans les Yvelines

22 juin, 2024 / Entrevue

Yaël Braun-Pivet, la présidente sortante de l’Assemblée nationale, arpente les rues commerçantes du Vésinet avec détermination. Face à la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin, elle est contrainte de mener une campagne acharnée pour conserver sa circonscription lors des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.

Dans cette commune cossue de 15 000 habitants, la députée de 53 ans, tracts en main, sollicite les commerçants et habitants. « J’étais la première présidente de l’Assemblée », rappelle-t-elle au gérant d’une épicerie fine qui ne l’avait pas reconnue. Le gérant s’étonne de la dissolution : « Pourquoi cette idée de dissolution ? Beaucoup disent que c’est une grosse bêtise… » Braun-Pivet acquiesce et exprime son désaccord face à cette décision précipitée.

Une campagne ardente

Sur le terrain, Braun-Pivet rencontre diverses réactions, de l’indifférence à la promesse de soutien. Elle mise sur sa notoriété acquise durant son mandat pour rallier les électeurs dans cette circonscription traditionnellement ancrée à droite. Elle affronte Jacques Myard, ancien député et maire (LR) de Maisons-Laffitte, déterminé à prendre sa revanche avec l’appui du Rassemblement national et d’Éric Ciotti.

Avant de se représenter, Braun-Pivet a envisagé de quitter la politique. Encouragée par sa famille, elle a finalement décidé de « repartir au combat ». La décision de dissolution, annoncée lors d’une réunion à l’Élysée, l’a prise de court. Tentant de convaincre Macron de reconsidérer, elle a proposé de bâtir une coalition, en vain.

Soutien et défis

Durant cette période difficile, elle a pu compter sur le soutien de Gérard Larcher, président LR du Sénat. Ensemble, ils ont récemment mené une marche contre l’antisémitisme. Larcher, une figure influente des Yvelines, a assuré qu’aucun candidat Les Républicains ne serait investi contre elle, un soutien précieux dans sa campagne.

Braun-Pivet défend un « bloc central, responsable, raisonnable » face aux extrêmes représentés par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire. Elle critique leurs positions respectives sur l’immigration et la division sociale.

L’avenir en jeu

En cas de réélection et de reconduction de la majorité actuelle, Braun-Pivet aspire à reprendre son poste de présidente de l’Assemblée nationale pour continuer son travail de « dialogue ». Si elle échoue, elle promet de siéger assidûment comme députée d’opposition, tout en continuant à promouvoir le dépassement gauche-droite.

Son cauchemar serait de voir la présidence de l’Assemblée nationale occupée par Sébastien Chenu ou Marine Le Pen en cas de victoire nationaliste.

Une promesse incertaine

Lors de sa campagne, elle a également rencontré des préoccupations locales, notamment sur la loi sur la fin de vie. « On repartira et on le votera, ce texte », promet-elle à une militante pro-euthanasie, bien consciente de l’incertitude de cette promesse.

Alors que le scrutin approche, Yaël Braun-Pivet joue son avenir politique dans une élection où chaque voix comptera. Sa campagne acharnée dans les Yvelines montre une détermination sans faille face aux défis imprévus posés par la dissolution de l’Assemblée nationale.