À Paris, les chefs de partis s’accordent pour faire barrage au Rassemblement National (RN), mais sur le terrain, la situation est bien plus complexe. Dans la Somme, François Ruffin, figure emblématique des Insoumis, se trouve en ballottage défavorable après avoir été devancé de sept points par le RN. Dès dimanche, la candidate macroniste a décidé de se retirer de la course pour contrer l’extrême droite, mais une question cruciale demeure : les électeurs macronistes suivront-ils cette consigne ?
François Ruffin, député sortant et icône des Insoumis, fait face à une situation délicate dans sa circonscription de la Somme. Avec 40,69 % des voix, le RN y a pris une avance notable, tandis que le Nouveau Front populaire de Ruffin est à près de 7 points derrière, à 33,92 %. La candidate du parti présidentiel, bien que qualifiée pour une triangulaire, a choisi de se désister immédiatement après le premier tour pour faire barrage à l’extrême droite.
Cependant, l’adhésion des électeurs macronistes à cette consigne est incertaine. À Abbeville, les sympathisants macronistes sont désorientés. Marie, une macroniste de la première heure, se dit résignée mais prête à voter pour François Ruffin par devoir républicain. « Je ne vais pas dire que je vais y aller de gaieté de cœur, mais je vais faire un choix républicain. Ne serait-ce que pour limiter une potentielle majorité absolue à l’Assemblée nationale », explique-t-elle.
Stéphane, quant à lui, optera pour un vote blanc, refusant de soutenir ni l’extrême gauche, qu’il associe à « la bordellisation », ni l’extrême droite, incompatible avec ses idées gaullistes. « Ce sera le ni-ni », affirme-t-il.
La plupart des électeurs centristes restent indécis. Martine, retraitée, exprime sa confusion et son dilemme face au second tour, les larmes aux yeux. « Je suis vraiment un peu perdue en fait. Je me pose beaucoup de questions pour savoir ce que je vais faire. C’est un vrai dilemme », confie-t-elle.
Pour convaincre ces électeurs hésitants, François Ruffin et ses militants se mobilisent intensivement. Ils multiplient les opérations de porte-à-porte pour tenter de rallier les sympathisants macronistes à leur cause, une stratégie qui inquiète Virgile, un jeune électeur de 23 ans ayant voté pour le RN. « Je pense que le barrage va fonctionner et je trouve ça absolument aberrant. En fait, les gens vont voter à gauche juste parce qu’ils ne veulent pas voter RN. Les gens vont voter contre ça et pas pour une idée », critique-t-il.
Le sort de François Ruffin et la dynamique du Front Républicain dans la Somme restent donc en suspens, reflétant les tensions et les enjeux complexes de cette élection.