Les sociaux-démocrates islandais, menés par Kristrun Frostadottir, ont remporté ce dimanche les élections législatives anticipées, infligeant une défaite au parti de l’Indépendance du Premier ministre sortant, Bjarni Benediktsson. Ce scrutin, convoqué à la suite de l’effondrement de la coalition gouvernementale en octobre dernier, marque un tournant dans le paysage politique islandais.
Une victoire historique pour l’Alliance sociale-démocrate
Avec 20,8 % des suffrages, l’Alliance sociale-démocrate décroche 15 sièges au Parlement, doublant son score par rapport à 2021, où elle n’avait obtenu qu’environ 10 % des voix. Cette progression spectaculaire reflète une volonté de changement exprimée par les électeurs face à des défis économiques et sociaux persistants.
« Je suis extrêmement fier de tout le travail que nous avons accompli. De toute évidence, les gens veulent du renouveau », a déclaré Kristrun Frostadottir alors que les résultats se précisaient samedi soir.
Le parti de l’Indépendance, qui a obtenu 19,4 % des voix contre 24,4 % en 2021, enregistre son plus mauvais résultat électoral. La coalition sortante, composée des conservateurs, du mouvement Gauche-Verts et du parti du Progrès, s’était fracturée sur des questions allant de la politique énergétique à l’immigration.
Le mouvement Gauche-Verts s’effondre à 2,3 %, bien en dessous du seuil de 5 % requis pour obtenir des sièges au Parlement. Le parti du Progrès, quant à lui, chute à 7,8 %, contre 17,3 % en 2021.
Des enjeux socio-économiques au cœur des préoccupations
Les débats électoraux ont été dominés par des sujets cruciaux tels que le pouvoir d’achat, le logement et les soins de santé, dans un contexte de forte inflation et de taux d’intérêt élevés. Selon un sondage Gallup publié en novembre, 69 % des Islandais considèrent les soins de santé comme leur principale préoccupation, suivis des questions économiques (62 %) et du logement (61 %).
En revanche, l’immigration, bien qu’à l’origine de la chute du gouvernement, ne figurait pas parmi les priorités des électeurs. Seuls 32 % des sondés l’ont mentionnée parmi leurs cinq préoccupations principales, dans un pays où un habitant sur cinq est né à l’étranger.
L’absence de majorité claire au Parlement rend la formation d’une nouvelle coalition délicate. « En Islande, il n’y a pas de tradition de gouvernements minoritaires. Les partis vont devoir composer une majorité à travers des alliances, mais cela reste difficile à prédire », explique Eirikur Bergmann, professeur de politique à l’université de Bifrost.
Une alliance entre les sociaux-démocrates, les libéraux et d’autres partis pourrait émerger, mais les négociations s’annoncent complexes dans ce paysage fragmenté.
Un pays marqué par des défis multiples
Les Islandais continuent de manifester une grande défiance envers leurs gouvernements successifs depuis la crise financière de 2008, qui avait durement frappé l’économie du pays. En 15 ans, peu de partis sont parvenus à conserver la confiance des électeurs au pouvoir.
Cette année a également été marquée par une série d’éruptions volcaniques dans la péninsule de Reykjanes, perturbant la vie des habitants, notamment dans le village de pêcheurs de Grindavik, régulièrement évacué.
Avec ce résultat, l’Islande amorce une nouvelle phase politique, marquée par l’incertitude mais aussi par une volonté de renouveau.