Les Islandais se sont rendus aux urnes ce dimanche pour des élections législatives anticipées, marquées par des préoccupations économiques et sociales majeures. Selon les résultats partiels publiés après le dépouillement d’un tiers des votes, l’Alliance sociale-démocrate, dirigée par Kristrun Frostadottir, prend la tête avec 21,2 % des voix. Ce score, s’il se confirme, représenterait un bond spectaculaire pour le parti, qui n’avait obtenu que 10 % des suffrages lors du scrutin de 2021.
« Il y aura des changements dans la gouvernance du pays. C’est clair », a déclaré Mme Frostadottir, tout en appelant à la prudence alors que le dépouillement se poursuit.
Les conservateurs talonnent les sociaux-démocrates
La formation du Premier ministre sortant Bjarni Benediktsson, le parti de l’Indépendance (conservateur), arrive en deuxième position avec 19,9 % des voix. Elle est suivie de près par le parti de la Réforme libérale, qui rassemble 16 % des suffrages. En revanche, le mouvement Gauche-Verts, qui faisait partie de la coalition gouvernementale sortante, semble en nette déroute, avec seulement 2,4 % des suffrages, ce qui pourrait lui coûter tous ses sièges au Parlement.
En Islande, où les gouvernements minoritaires sont rares, la formation d’une coalition semble inévitable. Selon Eirikur Bergmann, professeur de politique à l’université de Bifrost, les sociaux-démocrates pourraient s’allier aux libéraux et à un ou deux autres partis pour constituer une majorité. Cependant, le jeu des coalitions reste très ouvert, comme le souligne Olafur Hardarson, politologue à l’université d’Islande.
Des priorités sociales et économiques au cœur du scrutin
Les électeurs islandais ont exprimé leurs inquiétudes face à l’inflation persistante, aux taux d’intérêt élevés et aux difficultés d’accès au logement. Un sondage Gallup, publié début novembre, révèle que les principales préoccupations des citoyens sont les soins de santé (69 %), l’économie (62 %) et le logement (61 %). À l’inverse, l’immigration, qui avait contribué à la chute du gouvernement sortant, ne figure parmi les cinq priorités que pour 32 % des sondés.
Depuis la crise financière de 2008, qui a durement frappé l’Islande, les électeurs ont régulièrement exprimé leur défiance envers les gouvernements successifs. « Au cours des 15 dernières années, les Islandais ont systématiquement voté contre les gouvernements en place, sauf une fois », rappelle M. Hardarson. La tâche qui attend la future coalition sera donc d’autant plus délicate, dans un contexte de méfiance croissante envers les élites politiques.
Les résultats finaux de cette élection pourraient marquer un tournant pour l’Islande, ouvrant la voie à une nouvelle ère politique dominée par les sociaux-démocrates et leurs partenaires.