Ce dimanche 29 septembre 2024, les électeurs autrichiens sont appelés aux urnes pour des élections législatives serrées. Après cinq ans d’une coalition inédite entre écologistes et conservateurs, l’extrême droite, représentée par le Parti de la Liberté (FPÖ), est en passe de réaliser une performance historique en prenant la tête des sondages avec 27% des intentions de vote. Toutefois, ce résultat ne garantit pas à son chef, Herbert Kickl, l’accès à la chancellerie.
Sous la direction de Herbert Kickl, le FPÖ a su se relever du scandale de l’Ibizagate en 2019, qui avait terni sa réputation. Kickl, un ancien ministre de l’Intérieur, a adopté une ligne dure et clivante, se positionnant comme le champion des anti-vaccins pendant la pandémie de Covid-19 et dénonçant les politiques de sanctions contre la Russie. Il n’hésite pas à employer des termes radicaux, prônant la « remigration » et un projet d’expulsion d’Autrichiens d’origine étrangère, ou encore appelant à une « orbanisation » du pays, en référence au Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
Malgré son ascension, cette radicalité pourrait être un obstacle à son accession au poste de chancelier. Bien que le FPÖ et l’ÖVP partagent des positions sur des thèmes comme l’immigration et l’économie, Karl Nehammer, le leader des conservateurs, a déclaré qu’il n’envisage pas de former une coalition avec Kickl en raison de ses positions extrêmes.
Un paysage politique fragmenté
Les résultats des élections restent incertains. Bien que le FPÖ soit en tête des sondages, l’écart avec les conservateurs de l’ÖVP s’est réduit à 25%. Le chancelier sortant Karl Nehammer a centré sa campagne sur la stabilité et la modération, promettant de contrer la « radicalité » prônée par Kickl. Si l’ÖVP arrive en deuxième position, une alliance avec les sociaux-démocrates (SPÖ), crédités de 20%, et les libéraux de Neos pourrait être envisagée, même si les experts jugent cette option difficile.
Le défi réside aussi dans la recherche d’une majorité pour gouverner, alors que les écologistes, partenaires actuels de la coalition, sont tombés à seulement 8% dans les sondages. Un scénario inédit de coalition à trois partis, incluant l’ÖVP, le SPÖ et les Neos, pourrait alors voir le jour.
Herbert Kickl, une figure clivante
À 55 ans, Herbert Kickl reste une figure controversée. Issu d’un milieu modeste et sans diplôme universitaire, il a gravi les échelons du FPÖ grâce à l’influence de Jörg Haider, avant de s’imposer comme un homme de l’ombre. Son style agressif et sa capacité à attirer les déçus du système, les plus démunis, et les antivax lui ont permis de consolider la base électorale du FPÖ. Toutefois, cette radicalité pourrait bien lui barrer la route vers la chancellerie, car même si le FPÖ arrive en tête, ses perspectives d’alliances semblent limitées.
Les premières projections sont attendues à 17h00, mais une chose est claire : l’extrême droite autrichienne, même si elle termine en tête, n’a aucune garantie de pouvoir gouverner.