Le second tour des élections législatives de dimanche 7 juillet a surpris de nombreux observateurs politiques. Le Nouveau Front populaire (NFP) a remporté 180 sièges, le camp présidentiel 163, et le Rassemblement national (RN) 143. Pourtant, avant le scrutin, tous les sondages annonçaient le RN majoritaire à l’Assemblée nationale. Comment expliquer un tel écart entre les projections et les résultats finaux ?
L’efficacité sous-estimée du front républicain
Bernard Sananès, directeur de l’institut Elabe, a admis que “le front républicain a joué plus que ce que nous pensions”. Les sondages prévoyaient que 62% des électeurs du NFP voteraient pour le camp présidentiel en cas de duel RN-Ensemble, mais ils ont finalement été 72% à le faire. De même, en cas de duels NFP-RN, les prévisions étaient largement sous-estimées. Par exemple, 54% des électeurs Ensemble ont voté pour un candidat PS, EELV ou PCF contre un candidat RN, bien au-delà des prévisions initiales.
Un contexte politique inédit
Selon Hugo Touzet, sociologue spécialiste des sondages, la nature exceptionnelle de ces législatives a rendu les projections difficiles. Ces élections ont suivi une dissolution rapide et une campagne courte marquée par une rediabolisation rapide du RN et une mobilisation massive contre l’extrême droite. Ces dynamiques politiques rapides et inédites n’ont pas été intégrées dans les projections.
La nature locale des élections
La Commission des sondages avait rappelé que les projections en sièges devaient être prises avec précaution. En effet, les législatives françaises se composent de 577 scrutins locaux, et les dynamiques nationales ne se traduisent pas uniformément au niveau local. Cela rend les prévisions en sièges particulièrement délicates, surtout dans les circonscriptions où les résultats se jouent à quelques centaines de voix, comme l’exemple de la Sarthe où Elise Le Boucher (NFP) a battu Marie-Caroline Le Pen (RN) avec seulement 225 voix d’avance.
Conclusion
Les résultats des élections législatives de 2024 montrent que les projections en sièges peuvent être largement imprécises en raison de facteurs tels que l’efficacité du front républicain, le contexte politique inédit et la nature locale des scrutins. Les surprises électorales soulignent la complexité de prévoir avec exactitude le résultat d’une élection aussi fragmentée que celle des législatives françaises.