Législative partielle : le front républicain prive le RN d’un siège dans les Ardennes

Entrevue 1

Le suspense aura duré jusqu’au bout. Ce dimanche 8 décembre, Lionel Vuibert, candidat sans étiquette mais proche de la majorité présidentielle (ex-LREM), a remporté de justesse l’élection législative partielle de la première circonscription des Ardennes. Avec 50,89% des voix, il devance d’une courte tête Jordan Duflot, candidat du Rassemblement national (49,11%). Seulement 372 suffrages séparaient les deux hommes dans un contexte marqué par une très faible participation (30,86%).

Un contexte inédit et une campagne serrée

Cette élection fait suite à la démission surprise de Flavien Termet (RN), plus jeune député de l’Assemblée nationale, élu seulement quelques mois plus tôt lors des élections législatives post-dissolution de l’été 2024. Officiellement pour des raisons de santé, il avait quitté son siège, contraignant les électeurs de la première circonscription à retourner aux urnes à peine six mois après les derniers scrutins. Un cadre inhabituel qui n’a pas mobilisé les foules : déjà faible au premier tour, l’abstention a encore augmenté au second, témoignant de la lassitude des électeurs.

Lors du premier tour du 1er décembre, Jordan Duflot (RN) était sorti en tête (39,12%), devant Lionel Vuibert (25,42%). Les autres candidats – Guillaume Maréchal (LR, 16,04%) et Damien Lerouge (NFP, 10,64%) – avaient rapidement pris position, appelant à faire barrage au RN. Des soutiens qui ont permis à l’ancien député Vuibert de créer un « front républicain » décisif dans une course très serrée.

Un retour au Palais-Bourbon pour Vuibert

À 56 ans, Lionel Vuibert connaît bien les rouages de la politique ardennaise et de l’Assemblée nationale. Ancien maire de Faissault, conseiller départemental, et fils d’un ancien député du même département, il avait déjà siégé pendant la XVIe législature, avant d’être battu à l’été 2024. Son retour à l’hémicycle incarne, pour ses soutiens, la stabilité et l’enracinement local. Dans la campagne, il a insisté sur sa connaissance du terrain et sur son expérience, en opposition à un RN qu’il a qualifié de déconnecté et de « fantomatique ».

Malgré la venue de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et le soutien affiché de Marine Le Pen, Jordan Duflot n’est pas parvenu à conserver ce siège pourtant remporté par son prédécesseur quelques mois plus tôt. Le candidat d’extrême droite a attribué sa défaite à la faible mobilisation et au contexte particulier des législatives partielles.

L’attitude des autres forces politiques a été déterminante. Les Républicains, par la voix de Guillaume Maréchal, et le Nouveau Front populaire (NFP) avec Damien Lerouge, ont appelé leurs électeurs à se reporter sur Lionel Vuibert pour bloquer l’extrême droite. Ce rassemblement, combiné à la solide implantation de Vuibert, a permis d’inverser le résultat initial du premier tour.

De retour au Palais-Bourbon, Lionel Vuibert siégera probablement au sein du groupe Ensemble pour la République présidé par Gabriel Attal, contribuant ainsi à maintenir un équilibre favorable au centre droit dans l’hémicycle. Dans une circonscription politiquement instable, sa victoire constitue un soulagement pour l’ex-coalition Macroniste, qui avait perdu plusieurs sièges en 2024. La bataille ardennaise rappelle par ailleurs l’importance de la mobilisation dans les scrutins partiels, et réaffirme le rôle clé que joue encore, dans certaines configurations, le « front républicain ».

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