Deux députés, Ludovic Mendes (EPR) et Antoine Léaument (LFI), vont présenter ce lundi 17 février un rapport parlementaire préconisant la légalisation du cannabis. Cette mesure, qui s’oppose à la politique répressive du gouvernement, viserait à encadrer la production et la distribution via une agence publique, sur le modèle de l’Agence nationale des jeux. Les parlementaires suggèrent également la dépénalisation de la détention de petites quantités de cocaïne et la mise en place d’un statut de lanceur d’alerte pour lutter contre la corruption dans le secteur privé.
Le rapport intervient dans un contexte de tensions sur la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, mène actuellement une campagne visant à responsabiliser les consommateurs, les accusant d’alimenter la criminalité organisée. Cette ligne dure est rejetée par les auteurs du rapport, qui estiment que la prohibition est inefficace et qu’il est temps de réguler le marché pour mieux protéger les consommateurs.
Les défenseurs de la légalisation, comme l’association Addictions France, rappellent que la consommation de cannabis est déjà massive en France, avec environ 4 millions d’usagers réguliers. Pour eux, lever l’interdit ne provoquerait pas d’augmentation significative de la consommation, mais permettrait au contraire un contrôle plus strict du produit et une réduction des risques sanitaires.
La proposition divise profondément le paysage politique. Si le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, soutient une régulation encadrée, la droite et les syndicats de police y voient une mesure dangereuse, susceptible de renforcer l’emprise des réseaux criminels. Le sénateur LR Étienne Blanc, co-auteur d’une proposition de loi sur le narcotrafic, estime qu’une plus grande tolérance mènerait à une explosion de la consommation et de ses conséquences sociales.
Les députés Mendes et Léaument proposent de soumettre la question à référendum, profitant de l’ouverture d’Emmanuel Macron à ce type de consultation citoyenne. Un choix qui pourrait relancer un débat de société brûlant et redéfinir la politique française en matière de drogues.